La recherche prédit l'avenir du coton africain

Chercheurs, responsables des sociétés de développement et représentants des firmes agrochimiques, tous les acteurs de la filière du coton en Afrique se sont réunis à Lomé au Togo en février 1989 à l'initiative de l'Institut de Recherche du Coton et des Textiles exotiques (IRCT) pour la première conférence sur la recherche cotonnière africaine. Pour faire face à la baisse des cours de la fibre sur le marché international et aux exigences accrues des acheteurs, les performances de la culture cotonnière, qui a déjà accompli des progrès spectaculaires en trente ans, doivent encore s'accroître. Tel est le principal message lancé par la recherche aux pays producteurs. Pendant longtemps, l'augmentation du rendement en fibres est resté l'objectif principal. La sélection de variétés a ainsi permis d'atteindre une production moyenne de plus de 1000 kg/ha en Afrique de l'Ouest et un rendement à l'égrenage de 40%. Sans négliger l'augmentation de la productivité, les impératifs technologiques et les contraintes d'un marché excédentaire privilégient désormais les efforts de qualité. Un objectif primordial: la qualité Deux procédés de filature se partagent aujourd'hui le marché. La filature traditionnelle à 'anneaux' est de plus en plus réservée aux cotons de haute qualité (les cotons peignés) qui doivent être très longs et très résistants. Le procédé dit 'open end', plus rapide qui ne travaille qu'avec des fibres courtes, fines et résistantes, exemptes de tout déchet. L'obtention de variétés aux fibres spécifiquement adaptées à ces deux techniques est aujourd'hui l'objectif des chercheurs. Les normes à respecter seront, en effet, de plus en plus précises et fréquemment contrôlées par les acheteurs équipés de chaînes de mesures qui permettent d'analyser les fibres très rapidement. Pour bénéficier de prix plus intéressants, l'Afrique, qui a déjà une bonne image de marque, doit s'orienter vers les cotons haut de gamme plus rares sur le marché. Les efforts des sélectionneurs ont aussi porté sur les cotons glandless dont les graines ne contiennent pas de glandes à gossypol toxiques pour les hommes et les animaux monogastriques. Riches en protéines, ces graines peuvent nourrir volailles et porcs mais aussi, sous forme de farine, combler les carences en protéines des jeunes enfants. Les expériences menées dans différents laboratoires européens et africains ont prouvé leur haute valeur nutritionnelle. Or, on dispose désormais de variétés qui ont les mêmes rendements en fibres que les cotonniers classiques et répondent aux mêmes exigences agronomiques. La diffusion de ces variétés permettrait une meilleure valorisation des produits du coton. Pour accroître les rendements, une intensification toujours plus poussée des cultures est indispensable. La réduction des coûts de production, actuellement plus élevés que le prix de vente, va bien souvent à l'encontre des recommandations des chercheurs. Ainsi, depuis une dizaine d'années la consommation d'engrais stagne aux alentours de 150 à 200 kg/ha. Mais la réduction de la durée de jachère, nécessiterait, pour maintenir la fertilité des sols, une utilisation croissante de l'engrais. Il faudrait, par endroits, doubler les doses d'engrais actuellement préconisées. Mais, pour les paysans, le prix élevé de l'engrais semble mal rentabilisé par le prix d'achat du coton. Des solutions moins coûteuses comme une meilleure association de l'agriculture et de l'élevage sont actuellement recherchées pour pallier les carences du sol. En revanche, les agriculteurs ont bien compris l'intérêt des herbicides dont l'utilisation s'accroît. Le contrôle des mauvaises herbes surtout en début et en fin de cycle permet, en effet, d'appréciables gains de production. Utiliser au mieux les pesticides La protection phytosanitaire des cotonniers, qui a fait l'objet de près de la moitié des communications au cours de la Conférence de Lomé, est confrontée aux mêmes difficultés. Certes, la grande majorité des parcelles de coton bénéficie aujourd'hui de traitements chimiques. Mais le nombre de pulvérisations préconise par les chercheurs est de moins en moins respecté car les pesticides coûtent cher aux paysans qui le payent désormais, presque partout, au prix coûtant. Trouver des solutions plus économiques tout en assurant une meilleure protection, tel est donc le défi lancé à la recherche. L'association de deux types d'insecticides, un pyréthrinoïde et un organophosphoré, qui s'est généralisée a déjà permis de réduire les doses utilisées et d'éviter l'apparition de résistances. En adaptant les recommandations aux situations particulières et en surveillant l'évolution des ravageurs, il est possible de réaliser des économies. Diminuer le nombre de traitements, fractionner les doses employées, réduire le nombre de matières actives utilisées sont d'autres solutions à l'étude. D'après les premiers résultats, une nouvelle méthode de pulvérisation qui utilise des produits émulsionnables dans l'eau épandus à raison de 10 1/ha semble plus efficace contre certains ravageurs, moins coûteuse et plus facile à utiliser par les agriculteurs. L'utilisation de graines délintées et traitées comme semences est une autre voie prometteuse. Ces graines se conservent bien et lèvent mieux car elles sont exemptes de moisissures et d'insectes. Cette réunion a aussi permis de mettre en place le Réseau Coton Africain dont les objectifs essentiels sont de favoriser les échanges d'informations et de matériel végétal, la formation et la circulation des chercheurs entre les différents pays.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1989
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59092
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