Etude des fractions de populations d'anguille (Anguilla anguilla, L.1758) dans quelques hydrosystèmes tunisiens: croissance, migration, production et infestation par (Anguillicoloides crassus).

Cette étude a pour objectif de préciser l’écobiologie de l’anguille européenne (Anguilla anguilla) dans certains hydrosystèmes tunisiens représentatifs. Elle s’intéresse à 2 sites principaux, les plus colonisés par cette espèce : la lagune de Ghar El Melh et le complexe Tinja-Ichkeul et 2 autres sites complémentaires : lagune de Bizerte et embouchure de l’oued Mejerdah à Kalâat El Andalous. Elle traite de façon approfondie : les phénomènes de recrutement des civelles et d’échappement des anguilles argentées, l’analyse de la croissance dans les sites choisis, l’examen de l’infestation des différentes populations par le parasite Anguillicoloides crassus, elle fait également le point sur la pression halieutique exercée sur l’espèce dans le monde et particulièrement en Tunisie. Notre travail a montré que le recrutement des juvéniles au niveau de l’oued Mejerdah se fait plus tôt qu’au niveau du lac Ichkeul. Dans la région méditerranéenne, ce recrutement se fait plus tôt sur les côtes européennes et marocaines que sur les côtes tunisiennes. L’étude de la relation longueur-masse et du coefficient k caractérisent une meilleure condition pour les civelles et anguillettes du lac Ichkeul par rapport à celles de l’oued Mejerdah. Concernant les subadultes et pour tous les sites, les anguilles mâles migrent plus tôt (en automne) que les femelles (en hiver) et la maturation sexuelle des mâles, qui est plus précoce, provoque un ralentissement de la croissance. Ce phénomène est plus tardif chez les anguilles femelles. Pour les deux sexes, les stades de maturation des anguilles du lac Ichkeul sont plus développés que celle des anguilles de la lagune de Ghar El Melh puisque K, IO, INP et RGS sont plus importants et le RIS est plus faible. Les anguilles de la lagune de Ghar El Melh (eaux salées) migrent plus vite et plus tôt que celles du lac Ichkeul (eaux douces) qui ont une migration plus étendue dans le temps et retardée. Au niveau de l’aire de répartition de l’espèce, les anguilles migrent plus tôt dans le nord que dans le sud compte tenu du plus ou moins grand éloignement de l’aire de reproduction. Elles doivent en effet atteindre la mer des sargasses durant la même période. D’autre part, nous avons montré que la croissance (linéaire et pondérale) des anguilles femelles est plus rapide que celle des anguilles mâles. Pour la majorité des anguilles tunisiennes l’allométrie est majorante. La croissance linéaire des anguilles est plus importante dans les eaux saumâtres (Ghar El Melh) que dans les eaux douces (Ichkeul). La croissance des anguilles sud-méditerranéennes est plus rapide que celle des anguilles du nord de l’Europe. La fraction de population des anguilles vivant dans les eaux douces ont une croissance lente, leur maturation atteint un stade plus développé et leur départ est tardif par rapport à celle des anguilles vivant dans les eaux saumâtres ou salées. Pour les anguilles peuplant les milieux saumâtres, la croissance est rapide et l’argenture est accélérée. Cependant les stades de développement des anguilles de ces milieux sont moins importants que ceux atteint par les anguilles argentées peuplant les eaux douces et la migration se fait à un âge moins important. Dans un autre domaine, les niveaux d’infestation des anguilles par le nématode Anguillicoloides crassus semble être liés principalement à la salinité du milieu, les anguilles vivant dans les eaux douces étant plus infestées. Les individus les plus parasités sont les anguilles du stade indifférencié et des stades dévalants et prédévalants. L’infestation est plus importante en été et/ou en hiver. Le parasite n’a pas d’influence sur L, M, K ni sur les RGS, RHS, RIS des anguilles, en comparant le même nombre d’anguilles parasitées et non parasitées. La méthode que nous avons mis au point doit être adoptée pour ce type de comparaison pour éviter l’influence des différences de nombre et de taille des anguilles échantillonnées. L’infestation des fractions de populations d’anguille au Nord de l’Afrique est relativement récente par rapport à celles de l’Europe. Les prévalences atteintes chez les anguilles peuplant les eaux tunisiennes, marocaines et algériennes sont encore plus faibles que celles des anguilles peuplant les eaux des pays de l’ouest, du nord et du sud de l’Europe. Enfin, la capture de toutes les espèces d’anguilles dans le monde a connu une baisse spectaculaire au cours des dernières décennies ceci est dû principalement à la surexploitation et à la dégradation de l’environnement. C’est le cas également pour la Tunisie. Ceci nécessite la mise en place d’une gestion rationnelle de cette ressource partagée et le développement de son alevinage.

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Bibliographic Details
Main Author: Hizem Habbechi, Besma
Format: Thesis/Dissertation biblioteca
Language:French
Published: Faculté des Sciences de Tunis 2014
Subjects:Anguilla anguilla, Anguillicoloides crassus, anguillicolosis, Anguillicolose, Migration, Production, Growth, Croissance,
Online Access:http://hdl.handle.net/1834/10378
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