Les tables rondes multi parties-prenantes pour l'agriculture durable. Faire entendre différentes voix, des multinationales aux agriculteurs familiaux ?

Depuis le début des années 2000, des initiatives d'élaboration de standards volontaires de durabilité pour différents produits d'origine agricole (huile de palme, soja, agro-carburants, coton, canne à sucre, etc.) se sont développées à travers un processus de " tables rondes ". Ces initiatives visent à prendre en charge des questions sociales et environnementales liées à l'agriculture, à travers des dispositifs " ouverts " de participation et de négociation dits " multi-stakeholders ", réunissant des opérateurs économiques de filières agroalimentaires (producteurs, acheteurs, grossistes, distributeurs, nationaux et multinationaux) mais aussi des ONG " sociales " et " environnementales ", internationales et locales, à une échelle mondiale. Ces différents stakeholders définissent un cahier des charges de l'agriculture durable par grande culture et les modalités de la certification du standard. Présentées comme " privées " et " volontaires ", ces initiatives assoient leur légitimité sur leur capacité à faire participer " toutes les catégories d'acteurs " dans un processus participatif inclusif et horizontal. Notre contribution visera à caractériser l'équipement politique et matériel que proposent ces dispositifs dans leur tentative de construire un accord et d'intégrer une variété de voix. A partir du cas particulier de deux tables rondes (RSPO : Roundtable on Sustainable Palm oil et RTRS : Roundtable on Responsable Soy), nous analyserons en particulier les effets de ces dispositifs sur les formes de construction du bien commun et les tensions relatives aux formes de représentation et de participation. La participation de certains acteurs " locaux " telles que les communautés villageoises et les producteurs familiaux pose des questions d'expression et de considération de leurs voix. D'une part certains participants tentent d'imposer une relation hiérarchique entre les agriculteurs familiaux et les directeurs de sociétés de plantation, de façon à limiter le pouvoir de représentation des premiers dans la table ronde et leur capacité à transformer la réalité. D'autre part, le fonctionnement des tables rondes privilégie experts, savoirs globaux, stratégies et détachement aux dépens d'autres formes de connaissance et d'évaluation sur lesquelles s'appuient des personnes locales venant défendre leurs vies quotidiennes et matérielles et mettre en débat des principes de justice et dénoncer des " faits d'injustice ". Dans ce contexte, on examinera aussi la capacité de certaines ONG, en particulier locales, à appuyer des communautés locales dans une participation publique et faire remonter leur plainte.

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Main Author: Cheyns, Emmanuelle
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: Académie d'agriculture de France
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/591991/
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