Monopoly amazonien

Dans les années 70, au début de la colonisation de l'Amazonie, Otavio Ianni considérait la question foncière dans le Sud du Pará comme une véritable lutte pour la terre. La violence, le non droit, la formation de cartels et l'expulsion du plus faible étaient les règles pour l'appropriation illicite de vastes domaines fonciers ou de petits lopins de terre. La situation n'était pas spécifique de l'Amazonie Orientale brésilienne, mais concernait à des degrés divers l'ensemble des pays amazoniens, avec notamment les premiers pas des narcotrafiquants dans plusieurs pays andins. Trente ans plus tard, les dynamiques agraires ont considérablement évolué avec le remplacement des massifs forestiers naturels par des systèmes agropastoraux largement dominés par l'élevage : la viande dans les grands ranchs, le lait dans les exploitations familiales. La question foncière est toujours d'actualité et aiguë avec ses externalités négatives impulsées par une spéculation sur la terre constituant une excellente, voire la meilleure opération financière. Le prix de l'hectare doublant tous les 3-5 ans en fonction du lieu, du statut et de la couverture végétale. Elle se traduit par l'invasion de propriétés en voie d'abandon ou en situation financière délicate, par une forte pression sur les massifs forestiers encore présents, notamment les parcs forestiers et les réserves indigènes. Elle est également à l'origine de nouvelles vagues de migration locales et régionales pour s'accaparer la terre des vastes espaces forestiers limitrophes encore non occupés, telle que la Terra do Meio. Dans un tel contexte, et s'appuyant sur une série de recherches empiriques dans l'État du Pará, les auteurs tentent d'analyser et de mieux comprendre les rapports de causalité croisée, sur des sites contrastés, entre les dynamiques agraires observées et l'évolution des modes d'appropriation du foncier. Dans ce cadre, il s'agit d'expliquer la position des pouvoirs publics peu enclins à contrôler ce monopoly amazonien, malgré leur omniprésence depuis le début de la colonisation, tant physiquement au travers des institutions publiques qui se sont multipliées, en forte autonomie les unes par rapport aux autres, que par le rôle majeur des mesures politiques mises en oeuvre depuis quarante ans dans la région. L'analyse de ces politiques publiques passe par trois questions : Leur efficacité dans la régulation des conflits fonciers ? Leur impact sur les modes d'organisation des intérêts autour de la question foncière sur les fronts pionniers ? Les modes de gouvernance mis en oeuvre dans un contexte national fédéral du point de vue de la conduite des politiques publiques à fort enjeu foncier ?

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Bibliographic Details
Main Authors: Tourrand, Jean-François, Valarié, Pierre, Oliveira, J.R.
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: s.n.
Subjects:E11 - Économie et politique foncières, E14 - Économie et politique du développement, D50 - Législation, E90 - Structure agraire,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/574549/
http://agritrop.cirad.fr/574549/1/document_574549.pdf
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