Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites

Basée sur la reconnaissance légale des droits fonciers locaux, la réforme foncière malgache s'attache plus à la formalisation des droits qu'à la gouvernance foncière. Elle permet, au travers de la certification, l'enregistrement de la propriété privée (et non d'autres faisceaux de droits) pour des individus (plus que des collectifs) mais, à la différence du titre, cet enregistrement porte sur des droits d'ores et déjà acquis et socialement reconnus. La politique foncière rompt le monopole de l'administration foncière et confère de nouvelles compétences aux communes (guichet foncier). Elle ne reconnait pas cependant explicitement ni une plus forte subsidiarité dans la gestion foncière (gestion des conflits, validation des transactions) ni la diversité des modes de régulation et des institutions locales. Les guichets fonciers, présents dans un tiers des communes, connaissent des trajectoires contrastées. Un tiers des guichets ont su faire preuve de résilience, plus de la moitié sont dans une situation difficile et un dixième ont cessé leur activité. Ils font à présent face à des enjeux majeurs relatifs à : l'actualisation des systèmes d'information ; leur pérennité financière - le pari sur les gains des certificats se reportant à présent sur ceux de la fiscalité foncière ; leur insertion dans la gouvernance locale et leur appropriation par les équipes communales, les autres instances d'autorités et la population. La certification n'est pas réservée à une élite mais apparait au contraire relativement accessible. Nettement plus sollicitée que l'immatriculation depuis 2005, elle reste mobilisée de façon limitée (9% des ménages en moyenne dans les communes avec guichet). Par ailleurs, les liens de causalité supposés étant ténus, la certification n'a pas eu d'effet notable sur l'accès au crédit, l'investissement ou l'activité des marchés. L'expérience malgache rappelle à nouveau l'importance de découpler formalisation et sécurisation. La demande en certificat est en effet limitée du fait du caractère non généralisé de l'insécurité foncière et de la diversité de dispositifs de sécurisation dont disposent les ménages. La certification, source de sécurisation pour certains, peut parfois générer de l'exclusion pour d'autres. Mais au delà de la certification, le guichet foncier peut contribuer à garantir les droits par ses rôles d'information et d'aiguillage dans les conflits. Néanmoins, la prise en compte par les décideurs publics - notamment lors de l'allocation de terres à des investisseurs - des guichets fonciers et, en amont, des nouvelles lois protégeant les droits fonciers locaux, est loin d'être systématique et rappelle l'importance des dispositifs d'information, de contrôle et de contre pouvoirs dans la mise en pratique des lois. La réforme a eu comme apports majeurs le guichet foncier et les certificats, mais ces dispositifs, à défaut de s'y substituer, se superposent et s'articulent aux arrangements fonciers existants. A la veille de son acte II se posent des questions clés quant aux options à consolider : le renforcement des dispositifs de formalisation (recensement fiscal systématique couplé à la certification groupée) et/ou l'orientation vers une plus forte subsidiarité dans la gestion foncière offrant l'opportunité aux communes de composer avec les différentes modes de validation et de co-arbitrer avec les différentes instances d'autorités locales.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Authors: Burnod, Perrine, Andrianirina Ratsialonana, Rivo, Ravelomanantsoa, Zo
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: s.n.
Subjects:E11 - Économie et politique foncières, E13 - Investissements, financement et crédit, D50 - Législation,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/574061/
http://agritrop.cirad.fr/574061/1/document_574061.pdf
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!
id dig-cirad-fr-574061
record_format koha
institution CIRAD FR
collection DSpace
country Francia
countrycode FR
component Bibliográfico
access En linea
databasecode dig-cirad-fr
tag biblioteca
region Europa del Oeste
libraryname Biblioteca del CIRAD Francia
language fre
topic E11 - Économie et politique foncières
E13 - Investissements, financement et crédit
D50 - Législation
E11 - Économie et politique foncières
E13 - Investissements, financement et crédit
D50 - Législation
spellingShingle E11 - Économie et politique foncières
E13 - Investissements, financement et crédit
D50 - Législation
E11 - Économie et politique foncières
E13 - Investissements, financement et crédit
D50 - Législation
Burnod, Perrine
Andrianirina Ratsialonana, Rivo
Ravelomanantsoa, Zo
Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites
description Basée sur la reconnaissance légale des droits fonciers locaux, la réforme foncière malgache s'attache plus à la formalisation des droits qu'à la gouvernance foncière. Elle permet, au travers de la certification, l'enregistrement de la propriété privée (et non d'autres faisceaux de droits) pour des individus (plus que des collectifs) mais, à la différence du titre, cet enregistrement porte sur des droits d'ores et déjà acquis et socialement reconnus. La politique foncière rompt le monopole de l'administration foncière et confère de nouvelles compétences aux communes (guichet foncier). Elle ne reconnait pas cependant explicitement ni une plus forte subsidiarité dans la gestion foncière (gestion des conflits, validation des transactions) ni la diversité des modes de régulation et des institutions locales. Les guichets fonciers, présents dans un tiers des communes, connaissent des trajectoires contrastées. Un tiers des guichets ont su faire preuve de résilience, plus de la moitié sont dans une situation difficile et un dixième ont cessé leur activité. Ils font à présent face à des enjeux majeurs relatifs à : l'actualisation des systèmes d'information ; leur pérennité financière - le pari sur les gains des certificats se reportant à présent sur ceux de la fiscalité foncière ; leur insertion dans la gouvernance locale et leur appropriation par les équipes communales, les autres instances d'autorités et la population. La certification n'est pas réservée à une élite mais apparait au contraire relativement accessible. Nettement plus sollicitée que l'immatriculation depuis 2005, elle reste mobilisée de façon limitée (9% des ménages en moyenne dans les communes avec guichet). Par ailleurs, les liens de causalité supposés étant ténus, la certification n'a pas eu d'effet notable sur l'accès au crédit, l'investissement ou l'activité des marchés. L'expérience malgache rappelle à nouveau l'importance de découpler formalisation et sécurisation. La demande en certificat est en effet limitée du fait du caractère non généralisé de l'insécurité foncière et de la diversité de dispositifs de sécurisation dont disposent les ménages. La certification, source de sécurisation pour certains, peut parfois générer de l'exclusion pour d'autres. Mais au delà de la certification, le guichet foncier peut contribuer à garantir les droits par ses rôles d'information et d'aiguillage dans les conflits. Néanmoins, la prise en compte par les décideurs publics - notamment lors de l'allocation de terres à des investisseurs - des guichets fonciers et, en amont, des nouvelles lois protégeant les droits fonciers locaux, est loin d'être systématique et rappelle l'importance des dispositifs d'information, de contrôle et de contre pouvoirs dans la mise en pratique des lois. La réforme a eu comme apports majeurs le guichet foncier et les certificats, mais ces dispositifs, à défaut de s'y substituer, se superposent et s'articulent aux arrangements fonciers existants. A la veille de son acte II se posent des questions clés quant aux options à consolider : le renforcement des dispositifs de formalisation (recensement fiscal systématique couplé à la certification groupée) et/ou l'orientation vers une plus forte subsidiarité dans la gestion foncière offrant l'opportunité aux communes de composer avec les différentes modes de validation et de co-arbitrer avec les différentes instances d'autorités locales.
format conference_item
topic_facet E11 - Économie et politique foncières
E13 - Investissements, financement et crédit
D50 - Législation
author Burnod, Perrine
Andrianirina Ratsialonana, Rivo
Ravelomanantsoa, Zo
author_facet Burnod, Perrine
Andrianirina Ratsialonana, Rivo
Ravelomanantsoa, Zo
author_sort Burnod, Perrine
title Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites
title_short Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites
title_full Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites
title_fullStr Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites
title_full_unstemmed Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites
title_sort décentralisation et certification foncière à madagascar : avancées et limites
publisher s.n.
url http://agritrop.cirad.fr/574061/
http://agritrop.cirad.fr/574061/1/document_574061.pdf
work_keys_str_mv AT burnodperrine decentralisationetcertificationfonciereamadagascaravanceesetlimites
AT andrianirinaratsialonanarivo decentralisationetcertificationfonciereamadagascaravanceesetlimites
AT ravelomanantsoazo decentralisationetcertificationfonciereamadagascaravanceesetlimites
_version_ 1758024258071560192
spelling dig-cirad-fr-5740612022-04-15T09:20:01Z http://agritrop.cirad.fr/574061/ http://agritrop.cirad.fr/574061/ Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites. Burnod Perrine, Andrianirina Ratsialonana Rivo, Ravelomanantsoa Zo. 2013. In : Journées d'étude du Comité technique "Foncier et développement ", Nogent-sur-Marne, France, 16-17 décembre 2013. Comité technique Foncier et développement, MAE, AFD, GRET. s.l. : s.n., 12 p. Journées d'étude du Comité technique "Foncier et développement", Nogent-sur-Marne, France, 16 Décembre 2013/17 Décembre 2013. Researchers Décentralisation et certification foncière à Madagascar : avancées et limites Burnod, Perrine Andrianirina Ratsialonana, Rivo Ravelomanantsoa, Zo fre 2013 s.n. Journées d'étude du Comité technique "Foncier et développement ", Nogent-sur-Marne, France, 16-17 décembre 2013 E11 - Économie et politique foncières E13 - Investissements, financement et crédit D50 - Législation Basée sur la reconnaissance légale des droits fonciers locaux, la réforme foncière malgache s'attache plus à la formalisation des droits qu'à la gouvernance foncière. Elle permet, au travers de la certification, l'enregistrement de la propriété privée (et non d'autres faisceaux de droits) pour des individus (plus que des collectifs) mais, à la différence du titre, cet enregistrement porte sur des droits d'ores et déjà acquis et socialement reconnus. La politique foncière rompt le monopole de l'administration foncière et confère de nouvelles compétences aux communes (guichet foncier). Elle ne reconnait pas cependant explicitement ni une plus forte subsidiarité dans la gestion foncière (gestion des conflits, validation des transactions) ni la diversité des modes de régulation et des institutions locales. Les guichets fonciers, présents dans un tiers des communes, connaissent des trajectoires contrastées. Un tiers des guichets ont su faire preuve de résilience, plus de la moitié sont dans une situation difficile et un dixième ont cessé leur activité. Ils font à présent face à des enjeux majeurs relatifs à : l'actualisation des systèmes d'information ; leur pérennité financière - le pari sur les gains des certificats se reportant à présent sur ceux de la fiscalité foncière ; leur insertion dans la gouvernance locale et leur appropriation par les équipes communales, les autres instances d'autorités et la population. La certification n'est pas réservée à une élite mais apparait au contraire relativement accessible. Nettement plus sollicitée que l'immatriculation depuis 2005, elle reste mobilisée de façon limitée (9% des ménages en moyenne dans les communes avec guichet). Par ailleurs, les liens de causalité supposés étant ténus, la certification n'a pas eu d'effet notable sur l'accès au crédit, l'investissement ou l'activité des marchés. L'expérience malgache rappelle à nouveau l'importance de découpler formalisation et sécurisation. La demande en certificat est en effet limitée du fait du caractère non généralisé de l'insécurité foncière et de la diversité de dispositifs de sécurisation dont disposent les ménages. La certification, source de sécurisation pour certains, peut parfois générer de l'exclusion pour d'autres. Mais au delà de la certification, le guichet foncier peut contribuer à garantir les droits par ses rôles d'information et d'aiguillage dans les conflits. Néanmoins, la prise en compte par les décideurs publics - notamment lors de l'allocation de terres à des investisseurs - des guichets fonciers et, en amont, des nouvelles lois protégeant les droits fonciers locaux, est loin d'être systématique et rappelle l'importance des dispositifs d'information, de contrôle et de contre pouvoirs dans la mise en pratique des lois. La réforme a eu comme apports majeurs le guichet foncier et les certificats, mais ces dispositifs, à défaut de s'y substituer, se superposent et s'articulent aux arrangements fonciers existants. A la veille de son acte II se posent des questions clés quant aux options à consolider : le renforcement des dispositifs de formalisation (recensement fiscal systématique couplé à la certification groupée) et/ou l'orientation vers une plus forte subsidiarité dans la gestion foncière offrant l'opportunité aux communes de composer avec les différentes modes de validation et de co-arbitrer avec les différentes instances d'autorités locales. conference_item info:eu-repo/semantics/conferenceObject Conference info:eu-repo/semantics/publishedVersion http://agritrop.cirad.fr/574061/1/document_574061.pdf application/pdf Cirad license info:eu-repo/semantics/openAccess https://agritrop.cirad.fr/mention_legale.html