La chasse commerciale et le négoce de la venaison en Afrique Centrale forestière

En Afrique centrale forestière, l'implantation des industries du bois dans les forêts profondes et un contexte économique et politique très dégradé font craindre aux milieux de la Conservation une crise de la venaison ("bushmeat crisis" des anglo-saxons). La viande de chasse présente, sur les marchés urbains, un excellent rapport qualité/prix par rapport aux autres sources de protéines. En terme de biomasse, les prélèvements et le commerce sont essentiellement concentrés sur les ongulés (60%), les petits singes (15 à 30%) et les rongeurs (< 15%). Si la chasse est une activité essentiellement masculine, le négoce de la venaison est une profession fortement féminisée. Les marges bénéficiaires des différents acteurs sont limitées par la concurrence des autres protéines, et les caractéristiques du produit réduisent les économies d'échelle et les gains de productivité potentiels. Historiquement, la gestion de la faune sauvage a été organisée selon quatre périodes successives. Dans l'économie précoloniale, les prélèvements étaient contrôlés au travers des règles religieuses de l'animisme et des normes d'appropriation spatiale par les communautés. Le début de la colonisation a vu la constitution d'entreprises européennes individuelles pour ravitailler en venaison les grands chantiers de travaux publics, dans une situation d'accès libre. À partir de 1950, la législation s'est inspirée du modèle anglophone de l'Afrique de l'Est orienté vers la chasse sportive et la protection de la nature. Aux indépendances, l'urbanisation s'est accélérée et le marché de la venaison, assimilé au braconnage, s'est organisé dans une logique d'approvisionnement vivrier des villes. Une gestion plus réaliste de la faune pourrait aujourd'hui être basée sur le concept de territoire, dans ses trois dimensions classiques (espace, institutions de gestion et règles socio-économiques). Les régulations sociales et économiques informelles devraient alors être renforcées pour permettre un fonctionnement harmonieux de la filière, tout en assurant le développement de la chasse sportive.

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Bibliographic Details
Main Author: Fargeot, Christian
Format: article biblioteca
Language:fre
Subjects:L20 - Écologie animale, faune et flore sauvages, chasse, marketing, viande de gibier, forêt, économie agricole, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_8389, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3697, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_4620, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3183, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3062, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_8672, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_1432,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/529912/
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Description
Summary:En Afrique centrale forestière, l'implantation des industries du bois dans les forêts profondes et un contexte économique et politique très dégradé font craindre aux milieux de la Conservation une crise de la venaison ("bushmeat crisis" des anglo-saxons). La viande de chasse présente, sur les marchés urbains, un excellent rapport qualité/prix par rapport aux autres sources de protéines. En terme de biomasse, les prélèvements et le commerce sont essentiellement concentrés sur les ongulés (60%), les petits singes (15 à 30%) et les rongeurs (< 15%). Si la chasse est une activité essentiellement masculine, le négoce de la venaison est une profession fortement féminisée. Les marges bénéficiaires des différents acteurs sont limitées par la concurrence des autres protéines, et les caractéristiques du produit réduisent les économies d'échelle et les gains de productivité potentiels. Historiquement, la gestion de la faune sauvage a été organisée selon quatre périodes successives. Dans l'économie précoloniale, les prélèvements étaient contrôlés au travers des règles religieuses de l'animisme et des normes d'appropriation spatiale par les communautés. Le début de la colonisation a vu la constitution d'entreprises européennes individuelles pour ravitailler en venaison les grands chantiers de travaux publics, dans une situation d'accès libre. À partir de 1950, la législation s'est inspirée du modèle anglophone de l'Afrique de l'Est orienté vers la chasse sportive et la protection de la nature. Aux indépendances, l'urbanisation s'est accélérée et le marché de la venaison, assimilé au braconnage, s'est organisé dans une logique d'approvisionnement vivrier des villes. Une gestion plus réaliste de la faune pourrait aujourd'hui être basée sur le concept de territoire, dans ses trois dimensions classiques (espace, institutions de gestion et règles socio-économiques). Les régulations sociales et économiques informelles devraient alors être renforcées pour permettre un fonctionnement harmonieux de la filière, tout en assurant le développement de la chasse sportive.