La production laitière bovine sur le plateau de Moc Chau (Vietnam) : rationnement alimentaire et analyse économique

Le Vietnam, comme tous les pays d'Asie du Sud-Est n'a pas de tradition laitière. Ces dernières années, les habitudes de consommation changeant, la demande en produits laitiers explose. Elle a été multipliée par 14 entre 1990 et 2001, alors que la production nationale arrive tout juste à couvrir 15% de celle-ci, obligeant le pays à de lourdes importations. Le gouvernement vietnamien a donc lancé en 2001 un vaste Plan de Développement Laitier pour la période 2002 - 2010, visant à accroître rapidement le cheptel national et la production intérieure de lait. L'objectif est de quadrupler le nombre de vaches laitières en 8 ans afin d'atteindre une production annuelle de 350 000 litres de lait et couvrir ainsi 40% de la demande. Le Pôle de Recherche sur l'Intensification des Systèmes d'Elevage (PRISE) est une structure de partenariat entre le CIRAD, l'Université d'Agriculture de Hanoi I et l'Institut de I'Elevage, qui travaille depuis 2 ans sur l'intensification des productions animales dont la production laitière. Le plateau de Moc Chau, une zone de montagne à 200 km à l'ouest de la capitale, est une zone d'action prioritaire. Contrairement au reste du pays, la production de lait y est une activité ancienne, qui compte actuellement plus de 500 fermes. Après de nombreuses enquêtes et entretien avec les éleveurs, deux problèmes sont apparus prioritaires les déséquilibres alimentaires et la rentabilité économique de cette activité. Au mois de mars 2004, un suivi de l'alimentation a été mis en place dans 19 fermes puis en juillet nous avons étudié le coût de production du litre de lait dans ces fermes. Pendant la saison des pluies (du mois d'avril au mois d'octobre), la ration de base est composée essentiellement d'herbes, et les vaches sont complémentées avec des concentrés. Ce sont toujours les UFL qui limitent la production de lait permise par la ration de base. Avec cette limite, des multipares peuvent atteindre une production de base de 8 litres de lait uniquement avec de l'herbe. Cette production n'est jamais prise en compte dans le calcul des quantités de concentré à distribuer, et les éleveurs gaspillent souvent de 1 à plus de 3 kg de concentré / vache / jour. Dans les conditions actuelles de rémunération, les éleveurs ne peuvent pas tirer de bénéfice de cette activité, et souvent perdent de l'argent. II est possible d'ores et déjà de réaliser des économies simplement en enlevant les quantités de concentré distribuées en trop, mais ce n'est qu'une solution d'urgence. Suite à ces résultats, il est important d'obtenir des données complémentaires sur les valeurs alimentaires des fourrages et aliments utilisés à Moc Chau, et de mettre en place de nouvelles expérimentations pour confirmer in vivo qu'il est possible d'obtenir la même production de lait avec moins de concentré. Il faut encore affiner la connaissance du potentiel de production de la ration de base utilisée à Moc Chau, et pouvoir proposer différentes compositions équilibrées de concentré fermier aux éleveurs. Il serait intéressant aussi d'étudier quels sont les effets de cette sur consommation de concentré sur la santé et la reproduction des vaches. C'est peut être encore une autre source d'économies, mais cela n'est pas suffisant. Avec un prix du lait au même niveau que dans les autres régions du pays (3000-3500 VND / litre, 0,16-0,19 euros), et avec un coût de production de 2356 VND en moyenne par litre (0,127 euros) les éleveurs seraient en bonne situation. Il est indispensable que la Compagnie Laitière se préoccupe de ce problème car avec la politique de développement de la production laitière, les éleveurs sont contraints d'augmenter leur cheptel sans augmentation de surfaces car les terres encore disponibles sont destinées aux nouveaux éleveurs. Si le prix du lait reste au niveau du coût de production, cette situation n'est pas viable.

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Main Author: Cordel, Gaëlle
Format: thesis biblioteca
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Published: UM2
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Cordel, Gaëlle
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