Peut-on évaluer les effets de l'aide alimentaire? Quelques réflexions à partir d'une étude de cas : l'aide en céréales octroyée par la CEE à l'office national des céréales (Tchad) en 1985

Afin de pallier une partie de l'important déficit en céréales, consécutif à la sécheresse de 1984 qui a frappé la zone sahélienne, la CEE a accordé une aide alimentaire de 25000 tonnes de céréales au Tchad. Mais, on constate un important hiatus entre les prévisions relatives à cette opération d'aide alimentaire, établies de façon optimiste avec une méconnaissance totale des conditions du marché des céréales et des filières d'approvisionnement de la capitale, et les réalités socio-économiques du pays qui a eu pour effet sinon de faire échouer totalement cette intervention, du moins d'en détourner totalement les objectifs. Deux types de causes sont distingués. Le premier concerne les facteurs exogènes de l'aide alimentaire, la nature et les quantités attribuées, les délais d'acheminement etc. Le second est lié à la situation économique, politique et sociale du pays, aux relations entre les commerçants et l'Etat et au rôle joué par l'ONC, généralement contrôlé de près par le pouvoir. En réalité, la distinction introduite est académique et de nombreux liens existent entre les phénomènes observés