Analyse de la Banque mondiale sur l'incohérence du secteur du coton

La Banque mondiale a publié, le 10 septembre 2003, une note interne sur le commerce qui examine l'impact des subventions dans le secteur du coton de l'OCDE sur les pays en développement. Le coton a été cité comme exemple de la façon dont 'la politique commerciale des pays riches annule les effets par ailleurs positifs de leurs politiques de développement'. Le document affirme que le 'marché du coton est lourdement faussé' et que les 'subventions accordés par les pays relativement riches font baisser les prix mondiaux'. Ceci conduit à des pertes de revenus pour des millions de petits exploitants pauvres dans les pays africains. Le document examine spécifiquement les conséquences de la crise cotonnière sur le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad et le Mali. Le document explique les mécanismes de la production mondiale de coton (y compris les prix de production) et les tendances de la production au cours des quarante dernières années. Il note que 'les prix réels du coton ont considérablement baissé au cours des 40 dernières années et qu'ils se situent actuellement 'à la moitié de leur niveau de 1960' … 'Le faible niveau actuel des prix du coton est sans aucun doute lié aux soutiens accordés par les principaux acteurs de ce secteur'. Le document analyse la nature des niveaux élevés de subventions au secteur du coton aux USA et souligne qu'en 2001/2002, 'les prix aux producteurs US dépassaient les prix mondiaux de 91%'. Dans l'UE 'les prix aux producteurs en Grèce et en Espagne étaient de 144% et 184% supérieurs aux prix du marché mondial'. Les 3,7 milliards de US$ de subventions accordées aux 25 000 producteurs américains de coton représentent 'trois fois la totalité du budget américain d'aide à l'Afrique'. Avec les niveaux actuels de prix, le Burkina Faso dépense davantage pour acheminer son coton vers le marché que les revenus qu'il en tire. Les pertes annuelles des producteurs africains de coton sont estimées à 250 millions de $US par an. Au Bénin, la réduction de 40% intervenue sur les prix à la production a conduit à une baisse de 7% des revenus ruraux par tête et à une progression (de 37 à 59%) de l'incidence de la pauvreté chez les producteurs de coton. La suppression des soutiens pourrait 'réduire la production et par conséquent relancer les prix, ce qui permettrait aux agriculteurs du tiers-monde d'entrer dans la compétition et de tirer profit de leurs cultures'. Sur les dix prochaines années, une libéralisation totale du secteur du coton conduirait à : * une augmentation moyenne de 12,7% des prix du coton ; * une augmentation de 5,8% du commerce mondial du coton ; * une augmentation de 12,6% des exportations de coton de l'Afrique. Toutefois une telle libéralisation pourrait conduire, dans le cas de l'UE, à une réduction de 70% de la production de coton. Le document conclut que 'baisser les subventions aurait des effets positifs majeurs pour la réduction de la pauvreté, notamment en Afrique'. Comment: Une réduction de la production de coton de 70% ne peut pas être considéré comme un résultat cohérent avec l'engagement de la réforme de la PAC d'éviter l'abandon de la terre. Une libéralisation complète du secteur de coton et le démantèlement des systèmes de soutien se situent donc au-delà des options politiques que l'UE souhaite considérer dans la réforme de son secteur du coton. En réalité, les propositions actuelles ne recommandent qu'un découplage partiel du soutien dans le secteur du coton et une intégration seulement partielle du secteur du coton dans le système de paiement agricole unique. Pour l'UE, il s'agit de changer les modalités des soutiens accordés au secteur du coton et non pas de supprimer ces soutiens. Alors que l'UE est un acteur relativement mineur en termes de distorsion dans le secteur du coton et que les USA jouent le rôle principal dans ce domaine, si ces derniers décident de s'engager dans une réforme, il est probable qu'ils suivront un chemin encore plus prudent que l'UE ne l'a fait. L'augmentation de la production et des revenus des producteurs africains liée aux progrès accomplis dans la réforme du secteur du coton, risque donc de ne pas être très importante.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2003
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/64197
http://agritrade.cta.int/fr/Archives/Newsletter-Agriculture/2003/Novembre-2003
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Description
Summary:La Banque mondiale a publié, le 10 septembre 2003, une note interne sur le commerce qui examine l'impact des subventions dans le secteur du coton de l'OCDE sur les pays en développement. Le coton a été cité comme exemple de la façon dont 'la politique commerciale des pays riches annule les effets par ailleurs positifs de leurs politiques de développement'. Le document affirme que le 'marché du coton est lourdement faussé' et que les 'subventions accordés par les pays relativement riches font baisser les prix mondiaux'. Ceci conduit à des pertes de revenus pour des millions de petits exploitants pauvres dans les pays africains. Le document examine spécifiquement les conséquences de la crise cotonnière sur le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad et le Mali. Le document explique les mécanismes de la production mondiale de coton (y compris les prix de production) et les tendances de la production au cours des quarante dernières années. Il note que 'les prix réels du coton ont considérablement baissé au cours des 40 dernières années et qu'ils se situent actuellement 'à la moitié de leur niveau de 1960' … 'Le faible niveau actuel des prix du coton est sans aucun doute lié aux soutiens accordés par les principaux acteurs de ce secteur'. Le document analyse la nature des niveaux élevés de subventions au secteur du coton aux USA et souligne qu'en 2001/2002, 'les prix aux producteurs US dépassaient les prix mondiaux de 91%'. Dans l'UE 'les prix aux producteurs en Grèce et en Espagne étaient de 144% et 184% supérieurs aux prix du marché mondial'. Les 3,7 milliards de US$ de subventions accordées aux 25 000 producteurs américains de coton représentent 'trois fois la totalité du budget américain d'aide à l'Afrique'. Avec les niveaux actuels de prix, le Burkina Faso dépense davantage pour acheminer son coton vers le marché que les revenus qu'il en tire. Les pertes annuelles des producteurs africains de coton sont estimées à 250 millions de $US par an. Au Bénin, la réduction de 40% intervenue sur les prix à la production a conduit à une baisse de 7% des revenus ruraux par tête et à une progression (de 37 à 59%) de l'incidence de la pauvreté chez les producteurs de coton. La suppression des soutiens pourrait 'réduire la production et par conséquent relancer les prix, ce qui permettrait aux agriculteurs du tiers-monde d'entrer dans la compétition et de tirer profit de leurs cultures'. Sur les dix prochaines années, une libéralisation totale du secteur du coton conduirait à : * une augmentation moyenne de 12,7% des prix du coton ; * une augmentation de 5,8% du commerce mondial du coton ; * une augmentation de 12,6% des exportations de coton de l'Afrique. Toutefois une telle libéralisation pourrait conduire, dans le cas de l'UE, à une réduction de 70% de la production de coton. Le document conclut que 'baisser les subventions aurait des effets positifs majeurs pour la réduction de la pauvreté, notamment en Afrique'. Comment: Une réduction de la production de coton de 70% ne peut pas être considéré comme un résultat cohérent avec l'engagement de la réforme de la PAC d'éviter l'abandon de la terre. Une libéralisation complète du secteur de coton et le démantèlement des systèmes de soutien se situent donc au-delà des options politiques que l'UE souhaite considérer dans la réforme de son secteur du coton. En réalité, les propositions actuelles ne recommandent qu'un découplage partiel du soutien dans le secteur du coton et une intégration seulement partielle du secteur du coton dans le système de paiement agricole unique. Pour l'UE, il s'agit de changer les modalités des soutiens accordés au secteur du coton et non pas de supprimer ces soutiens. Alors que l'UE est un acteur relativement mineur en termes de distorsion dans le secteur du coton et que les USA jouent le rôle principal dans ce domaine, si ces derniers décident de s'engager dans une réforme, il est probable qu'ils suivront un chemin encore plus prudent que l'UE ne l'a fait. L'augmentation de la production et des revenus des producteurs africains liée aux progrès accomplis dans la réforme du secteur du coton, risque donc de ne pas être très importante.