Nouvelles perspectives de marchés pour les agriculteurs entreprenants

Une agriculture productive offre de multiples avantages : la satisfaction des besoins alimentaires locaux, des matières premières pour l'industrie agroalimentaire, des emplois générateurs de revenus qui, à leur tour, encouragent la création d'autres activités. Les exportations renforcent la monnaie et l'économie nationale profite des substitutions aux importations et des rentrées fiscales. Mais il ne suffit pas de produire pour être efficace, il faut aussi commercialiser. Les agriculteurs doivent se convaincre que ce n'est plus la production qui régule le marché et que la réussite ne vient que de productions en accord avec les demandes du marché. De leur côté, gouvernements et planificateurs doivent bien se convaincre que les politiques qu'ils mettent en place fixent effectivement le cadre de l'action des paysans et des acteurs des filières agro-alimentaires de sorte que la pertinence de ces politiques est tout à fait déterminante. Depuis des années, les agriculteurs se plaignent à juste titre que les prix d'achat de leurs principales productions sont maintenus trop bas par les politiques gouvernementales dont l'objectif est de réduire les prix des denrées pour les consommateurs urbains. Leurs revenus des exportations sont restés faibles en raison des prélèvements effectués par les caisses de stabilisation et de la chute des cours des productions exportées. Le café et l'huile de palme d'Afrique occidentale sont aujourd'hui supplantés par les productions d'Asie, plus récentes, qui respectent mieux les normes de qualité et sont plus concurrentielles sur le marché. Les agriculteurs se plaignent aussi du non-respect des engagements concernant le transport des récoltes vers les entrepôts centraux et de l'irrégularité des paiements par les caisses de stabilisation. Il n'est pas surprenant que l'agriculture de tant de pays soit malade, voire moribonde, pour avoir été étouffée par le manque d'investissement, souvent parasitée et paralysée par des politiques inappropriées, des infrastructures inadéquates et une gestion inefficace. La plupart des pays ACP disposent pourtant d'un potentiel naturel et humain suffisant pour développer une agriculture saine. Cette perspective suppose une modification des attitudes de dépendance et la prise de responsabilités pour la commercialisation et la transformation de la production. Les agriculteurs des pays ACP doivent se considérer, et être considérés par les autres, non comme de simples travailleurs mais comme des gestionnaires et des en repreneurs. Cette évolution nécessite également une modification profonde des attitudes des autres acteurs des filières agricoles, ainsi que des décideurs politiques, des planificateurs et des donateurs. Des interactions existent au sein de l'économie rurale, de même qu'entre l'économie rurale et les économies industrielle et nationale des pays ACP. L'état de l'économie nationale reflète ainsi la santé et la vigueur - ou les faiblesses - de l'agriculture. Le fait que 43 des 59 pays ACP pour lesquels les chiffres sont disponibles aient enregistré, en 1992, une production alimentaire inférieure à celle de la période 1979-81 illustre l'échec de l'agriculture. Au cours d'une récente conférence organisée par le CTA à Dublin, en République d'Irlande, sur le thème «Stratégies paysannes et adaptation aux marchés dans l'agriculture des pays ACP», le Pr Helen O'Neil, directrice du Centre d'études sur le développement de l'Université de Dublin, estimait que, face à cette situation, les gouvernements doivent équilibrer chaque dollar investi dans le secteur industriel par un autre dollar consacré au secteur agricole. Changement, risques et perspectives Au moment où beaucoup d'activités commerciales sont en cours de privatisation, les agriculteurs doivent être déterminés à prendre des responsabilités au-delà des seules cultures et de l'élevage du bétail. Dans la mesure où le marché dictera de plus en plus ce qui se vend et à quel prix, les agriculteurs devront être informés ou s'informer eux-mêmes de la demande. Ils pourront être amenés à remettre en question leurs cultures et les variétés qu'ils utilisent autant que le bétail et les races sélectionnées pour leurs élevages. Ils devront aussi établir des critères de quantité et de qualité pour programmer leurs productions en fonction du marché. Ils chercheront, autant que possible, à satisfaire des marchés locaux ou spécialisés en cultivant, par exemple, une variété inhabituelle pour un besoin culinaire ou industriel particulier, ou encore en choisissant des cultures ou des animaux d'élevage adaptés aux goûts d'une minorité ou aux besoins d'un groupe ethnique ou religieux spécifique. Les agriculteurs devront organiser leur calendrier de plantation ou de reproduction pour le bétail en fonction du marché, déterminer les besoins en intrants tels que semences, engrais, pesticides, conditionnements pour les récoltes ou aliments pour le bétail, qu'ils soient auto-produits ou achetés. Est-ce trop attendre de la part des exploitants des pays ACP, qui sont généralement petits et dont la majorité lutte souvent pour assurer le minimum vital à leur famille ? Dans chaque communauté, malgré des contraintes analogues, certains agriculteurs progressent mieux et accumulent plus de richesses que leurs voisins. Dans le même village, deux parcelles adjacentes peuvent produire des récoltes très variables et deux fermiers, avec le même produit, peuvent négocier des prix et des conditions de vente très différents. Pour que plus d'agriculteurs puissent augmenter leurs revenus en produisant des denrées de meilleure qualité et en les vendant dans de meilleures conditions, les gouvernements, les organisations professionnelles, les services d'appui et les fermiers eux-mêmes doivent définir de nouvelles stratégies d'adaptation pour exploiter au mieux les possibilités qu'offre le marché. L'adaptation au marché trace la voie que les agriculteurs doivent suivre pour être en mesure de satisfaire les besoins de leur famille. C'est particulièrement important pour les agricultrices, dont beaucoup sont chefs de famille, et pour tous ceux qui ont la responsabilité des enfants, du ménage et de l'exploitation agricole. Renforcer la gestion -commerciale L'image traditionnelle de l'agriculture est centrée sur le cultivateur et suppose que la culture est une activité relativement facile et prévisible. En réalité, la culture qui est liée à la gestion de systèmes biologiques sous un climat imprévisible est une activité très complexe. De plus, elle n'est qu'une activité parmi d'autres telles que la recherche et l'achat d'intrants, la mise du produit sur le marché ou sa transformation, sa vente aux consommateurs. Les décideurs politiques, les planificateurs et les donateurs n'ont pas suffisamment pris en compte la nécessité d'aller au-delà du seul soutien aux agriculteurs. Pour que les agriculteurs puissent se développer, toutes les personnes dont ils dépendent, comme les chercheurs, les fournisseurs d'intrants, les négociants et les industriels de l'agro-alimentaire, doivent également être aidés pour pouvoir eux-mêmes se développer en relation avec les agriculteurs. Du fait de la complexité des filières agro-alimentaires, les interventions de l'Etat n'ont pas toujours eu l'impact escompté. Les interactions du processus de commercialisation, en particulier, sont beaucoup trop complexes pour être gérées par des dispositions étatiques, notamment pour les denrées périssables comme les fruits et légumes. Le Dr Ester Mgale, de Tanzanie, a étudié les moyens d'améliorer la rentabilité de la culture du manioc qui doit être transformé pour être comestible et plus aisément vendable. Les agriculteurs peuvent programmer leurs plantations et choisir des variétés qui produisent aux périodes de demande maximum. Ils peuvent assurer une haute qualité constante par le calibrage, la transformation et le conditionnement. Cependant, de telles initiatives ne peuvent être le fait que d'agriculteurs prêts à modifier les techniques traditionnelles et à s'adapter aux demandes du marché. Les agriculteurs peuvent se grouper pour bénéficier des économies réalisées en échelonnant les productions et la transformation. Ils peuvent augmenter leurs marges en vendant leurs produits directement aux détaillants ou aux consommateurs. Au Swaziland, par exemple, les agriculteurs s'associent pour produire et commercialiser des légumes comme la tomate, le chou, la carotte. Ils se sont adaptés à la demande de marchés internationaux, pour les grandes villes, en améliorant la qualité de leurs produits. La réalisation d'une plus-value suppose toujours un coût supplémentaire, pour la main-d'oeuvre et l'équipement nécessaires à la transformation, au conditionnement, au stockage et au transport, et pour l'autofinancement qui permet de vendre à son heure et non pas au plus vite. Si elle est disponible, l'épargne personnelle et familiale représente la formule de financement la plus économique. En alternative, les ONG peuvent octroyer des fonds sous forme de prêts à des taux compétitifs. Quand les agriculteurs se groupent, ils peuvent mettre en commun leur épargne personnelle pour démarrer des activités apportant une valeur ajoutée. Ces groupes qui intéressent plus facilement les ONG susceptibles de prêter peuvent aussi partager leurs expériences et renforcer leur capacité de négociation à l'achat ou à la vente. Les négociants et les intermédiaires proposent aussi des prêts, généralement plus coûteux. Le rôle des intermédiaires et leur intérêt Les intermédiaires et les négociants sont souvent considérés comme les exploiteurs. Lorsque les agriculteurs ne sont pas informés des tendances des marchés ou lorsqu'ils vivent dans des régions isolées, ils sont susceptibles de se laisser exploiter. Cependant de nombreux spécialistes reconnaissent que les négociants jouent un rôle déterminant dans le processus de commercialisation. En Tanzanie, là où les intermédiaires sont intervenus dans la filière manioc, la zone de culture et la production totale de tubercules ont augmenté du fait que les agriculteurs, déchargés de la commercialisation finale, ont pu se consacrer à la production, à la transformation et à la négociation des ventes aux intermédiaires. Les bana-bana jouent, au Sénégal, un rôle important en conseillant les agriculteurs sur les légumes faisant l'objet d'une demande et en fournissant les semences des variétés appréciées. A la récolte, le coût des intrants fournis est déduit et le prix de vente se négocie entre l'agriculteur et le bana-bana. Ces négociants se réservent de grosses marges, mais ils prennent également de gros risques pour financer leurs prospections, les intrants, le transport et les invendus. Leur disparition aurait un impact négatif à divers niveaux de la filière. Georges Jackson, qui a élaboré le dossier préparatoire de la conférence de Dublin, «Etude sur l'adaptation au marché et l'exploitation familiale», souligne qu'il faut accep ter que les marges commerciales s'accumulent jusqu'au consommateur final. Si les agriculteurs veulent augmenter leur part des dépenses des consommateurs, ils devront créer des alliances fructueuses avec les autres acteurs de la chaîne et se défaire des attitudes de confrontation sur les prix. Il y a un besoin urgent de former les producteurs à comprendre la valeur relative des investissements, des risques et des bénéfices dans l'ensemble des filières. Transmettre la flamme de Dublin Les possibilités d'augmenter la production agricole et la commercialisation à l'intérieur et au-delà des frontières nationales sont très grandes, en particulier du fait de la croissance des populations urbaines. La population de nombreuses villes comme Dakar ou Nairobi double tous les vingtcinq ans, ce qui pose des problèmes d'approvisionnement. C'est là que se situe le marché, pour le négoce local et régional des produits alimentaires, même si «le commerce régional est bloqué par les procédures douanières bureaucratiques et par le refus d'accepter les paiements des pays voisins autrement qu'en devises fortes», comme le remarque le Pr O'Neil. Développer, dans les pays ACP, des stratégies agricoles orientées vers le marché représente sans doute un défi pour les agriculteurs comme pour les décideurs politiques et les planificateurs. Pour aller de l'avant, de nombreux acteurs des filières alimentaires devront réviser leurs attitudes et leurs convictions erronées à l'égard du rôle réel du marché. Le résultat ira au-delà de la revitalisation du secteur rural, libéré des affres du réajustement structurel. Ce sera un pas décisif vers le développement d'une économie nationale plus équilibrée et plus durable, mieux à même de créer les conditions propices à l'épanouissement individuel et familial. Comme un participant le soulignait à la clôture de la conférence, il est vital que «la flamme de Dublin» soit reprise pour définir, au-delà des débats, des politiques, des actions et des projets positifs.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1996
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/61188
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description Une agriculture productive offre de multiples avantages : la satisfaction des besoins alimentaires locaux, des matières premières pour l'industrie agroalimentaire, des emplois générateurs de revenus qui, à leur tour, encouragent la création d'autres activités. Les exportations renforcent la monnaie et l'économie nationale profite des substitutions aux importations et des rentrées fiscales. Mais il ne suffit pas de produire pour être efficace, il faut aussi commercialiser. Les agriculteurs doivent se convaincre que ce n'est plus la production qui régule le marché et que la réussite ne vient que de productions en accord avec les demandes du marché. De leur côté, gouvernements et planificateurs doivent bien se convaincre que les politiques qu'ils mettent en place fixent effectivement le cadre de l'action des paysans et des acteurs des filières agro-alimentaires de sorte que la pertinence de ces politiques est tout à fait déterminante. Depuis des années, les agriculteurs se plaignent à juste titre que les prix d'achat de leurs principales productions sont maintenus trop bas par les politiques gouvernementales dont l'objectif est de réduire les prix des denrées pour les consommateurs urbains. Leurs revenus des exportations sont restés faibles en raison des prélèvements effectués par les caisses de stabilisation et de la chute des cours des productions exportées. Le café et l'huile de palme d'Afrique occidentale sont aujourd'hui supplantés par les productions d'Asie, plus récentes, qui respectent mieux les normes de qualité et sont plus concurrentielles sur le marché. Les agriculteurs se plaignent aussi du non-respect des engagements concernant le transport des récoltes vers les entrepôts centraux et de l'irrégularité des paiements par les caisses de stabilisation. Il n'est pas surprenant que l'agriculture de tant de pays soit malade, voire moribonde, pour avoir été étouffée par le manque d'investissement, souvent parasitée et paralysée par des politiques inappropriées, des infrastructures inadéquates et une gestion inefficace. La plupart des pays ACP disposent pourtant d'un potentiel naturel et humain suffisant pour développer une agriculture saine. Cette perspective suppose une modification des attitudes de dépendance et la prise de responsabilités pour la commercialisation et la transformation de la production. Les agriculteurs des pays ACP doivent se considérer, et être considérés par les autres, non comme de simples travailleurs mais comme des gestionnaires et des en repreneurs. Cette évolution nécessite également une modification profonde des attitudes des autres acteurs des filières agricoles, ainsi que des décideurs politiques, des planificateurs et des donateurs. Des interactions existent au sein de l'économie rurale, de même qu'entre l'économie rurale et les économies industrielle et nationale des pays ACP. L'état de l'économie nationale reflète ainsi la santé et la vigueur - ou les faiblesses - de l'agriculture. Le fait que 43 des 59 pays ACP pour lesquels les chiffres sont disponibles aient enregistré, en 1992, une production alimentaire inférieure à celle de la période 1979-81 illustre l'échec de l'agriculture. Au cours d'une récente conférence organisée par le CTA à Dublin, en République d'Irlande, sur le thème «Stratégies paysannes et adaptation aux marchés dans l'agriculture des pays ACP», le Pr Helen O'Neil, directrice du Centre d'études sur le développement de l'Université de Dublin, estimait que, face à cette situation, les gouvernements doivent équilibrer chaque dollar investi dans le secteur industriel par un autre dollar consacré au secteur agricole. Changement, risques et perspectives Au moment où beaucoup d'activités commerciales sont en cours de privatisation, les agriculteurs doivent être déterminés à prendre des responsabilités au-delà des seules cultures et de l'élevage du bétail. Dans la mesure où le marché dictera de plus en plus ce qui se vend et à quel prix, les agriculteurs devront être informés ou s'informer eux-mêmes de la demande. Ils pourront être amenés à remettre en question leurs cultures et les variétés qu'ils utilisent autant que le bétail et les races sélectionnées pour leurs élevages. Ils devront aussi établir des critères de quantité et de qualité pour programmer leurs productions en fonction du marché. Ils chercheront, autant que possible, à satisfaire des marchés locaux ou spécialisés en cultivant, par exemple, une variété inhabituelle pour un besoin culinaire ou industriel particulier, ou encore en choisissant des cultures ou des animaux d'élevage adaptés aux goûts d'une minorité ou aux besoins d'un groupe ethnique ou religieux spécifique. Les agriculteurs devront organiser leur calendrier de plantation ou de reproduction pour le bétail en fonction du marché, déterminer les besoins en intrants tels que semences, engrais, pesticides, conditionnements pour les récoltes ou aliments pour le bétail, qu'ils soient auto-produits ou achetés. Est-ce trop attendre de la part des exploitants des pays ACP, qui sont généralement petits et dont la majorité lutte souvent pour assurer le minimum vital à leur famille ? Dans chaque communauté, malgré des contraintes analogues, certains agriculteurs progressent mieux et accumulent plus de richesses que leurs voisins. Dans le même village, deux parcelles adjacentes peuvent produire des récoltes très variables et deux fermiers, avec le même produit, peuvent négocier des prix et des conditions de vente très différents. Pour que plus d'agriculteurs puissent augmenter leurs revenus en produisant des denrées de meilleure qualité et en les vendant dans de meilleures conditions, les gouvernements, les organisations professionnelles, les services d'appui et les fermiers eux-mêmes doivent définir de nouvelles stratégies d'adaptation pour exploiter au mieux les possibilités qu'offre le marché. L'adaptation au marché trace la voie que les agriculteurs doivent suivre pour être en mesure de satisfaire les besoins de leur famille. C'est particulièrement important pour les agricultrices, dont beaucoup sont chefs de famille, et pour tous ceux qui ont la responsabilité des enfants, du ménage et de l'exploitation agricole. Renforcer la gestion -commerciale L'image traditionnelle de l'agriculture est centrée sur le cultivateur et suppose que la culture est une activité relativement facile et prévisible. En réalité, la culture qui est liée à la gestion de systèmes biologiques sous un climat imprévisible est une activité très complexe. De plus, elle n'est qu'une activité parmi d'autres telles que la recherche et l'achat d'intrants, la mise du produit sur le marché ou sa transformation, sa vente aux consommateurs. Les décideurs politiques, les planificateurs et les donateurs n'ont pas suffisamment pris en compte la nécessité d'aller au-delà du seul soutien aux agriculteurs. Pour que les agriculteurs puissent se développer, toutes les personnes dont ils dépendent, comme les chercheurs, les fournisseurs d'intrants, les négociants et les industriels de l'agro-alimentaire, doivent également être aidés pour pouvoir eux-mêmes se développer en relation avec les agriculteurs. Du fait de la complexité des filières agro-alimentaires, les interventions de l'Etat n'ont pas toujours eu l'impact escompté. Les interactions du processus de commercialisation, en particulier, sont beaucoup trop complexes pour être gérées par des dispositions étatiques, notamment pour les denrées périssables comme les fruits et légumes. Le Dr Ester Mgale, de Tanzanie, a étudié les moyens d'améliorer la rentabilité de la culture du manioc qui doit être transformé pour être comestible et plus aisément vendable. Les agriculteurs peuvent programmer leurs plantations et choisir des variétés qui produisent aux périodes de demande maximum. Ils peuvent assurer une haute qualité constante par le calibrage, la transformation et le conditionnement. Cependant, de telles initiatives ne peuvent être le fait que d'agriculteurs prêts à modifier les techniques traditionnelles et à s'adapter aux demandes du marché. Les agriculteurs peuvent se grouper pour bénéficier des économies réalisées en échelonnant les productions et la transformation. Ils peuvent augmenter leurs marges en vendant leurs produits directement aux détaillants ou aux consommateurs. Au Swaziland, par exemple, les agriculteurs s'associent pour produire et commercialiser des légumes comme la tomate, le chou, la carotte. Ils se sont adaptés à la demande de marchés internationaux, pour les grandes villes, en améliorant la qualité de leurs produits. La réalisation d'une plus-value suppose toujours un coût supplémentaire, pour la main-d'oeuvre et l'équipement nécessaires à la transformation, au conditionnement, au stockage et au transport, et pour l'autofinancement qui permet de vendre à son heure et non pas au plus vite. Si elle est disponible, l'épargne personnelle et familiale représente la formule de financement la plus économique. En alternative, les ONG peuvent octroyer des fonds sous forme de prêts à des taux compétitifs. Quand les agriculteurs se groupent, ils peuvent mettre en commun leur épargne personnelle pour démarrer des activités apportant une valeur ajoutée. Ces groupes qui intéressent plus facilement les ONG susceptibles de prêter peuvent aussi partager leurs expériences et renforcer leur capacité de négociation à l'achat ou à la vente. Les négociants et les intermédiaires proposent aussi des prêts, généralement plus coûteux. Le rôle des intermédiaires et leur intérêt Les intermédiaires et les négociants sont souvent considérés comme les exploiteurs. Lorsque les agriculteurs ne sont pas informés des tendances des marchés ou lorsqu'ils vivent dans des régions isolées, ils sont susceptibles de se laisser exploiter. Cependant de nombreux spécialistes reconnaissent que les négociants jouent un rôle déterminant dans le processus de commercialisation. En Tanzanie, là où les intermédiaires sont intervenus dans la filière manioc, la zone de culture et la production totale de tubercules ont augmenté du fait que les agriculteurs, déchargés de la commercialisation finale, ont pu se consacrer à la production, à la transformation et à la négociation des ventes aux intermédiaires. Les bana-bana jouent, au Sénégal, un rôle important en conseillant les agriculteurs sur les légumes faisant l'objet d'une demande et en fournissant les semences des variétés appréciées. A la récolte, le coût des intrants fournis est déduit et le prix de vente se négocie entre l'agriculteur et le bana-bana. Ces négociants se réservent de grosses marges, mais ils prennent également de gros risques pour financer leurs prospections, les intrants, le transport et les invendus. Leur disparition aurait un impact négatif à divers niveaux de la filière. Georges Jackson, qui a élaboré le dossier préparatoire de la conférence de Dublin, «Etude sur l'adaptation au marché et l'exploitation familiale», souligne qu'il faut accep ter que les marges commerciales s'accumulent jusqu'au consommateur final. Si les agriculteurs veulent augmenter leur part des dépenses des consommateurs, ils devront créer des alliances fructueuses avec les autres acteurs de la chaîne et se défaire des attitudes de confrontation sur les prix. Il y a un besoin urgent de former les producteurs à comprendre la valeur relative des investissements, des risques et des bénéfices dans l'ensemble des filières. Transmettre la flamme de Dublin Les possibilités d'augmenter la production agricole et la commercialisation à l'intérieur et au-delà des frontières nationales sont très grandes, en particulier du fait de la croissance des populations urbaines. La population de nombreuses villes comme Dakar ou Nairobi double tous les vingtcinq ans, ce qui pose des problèmes d'approvisionnement. C'est là que se situe le marché, pour le négoce local et régional des produits alimentaires, même si «le commerce régional est bloqué par les procédures douanières bureaucratiques et par le refus d'accepter les paiements des pays voisins autrement qu'en devises fortes», comme le remarque le Pr O'Neil. Développer, dans les pays ACP, des stratégies agricoles orientées vers le marché représente sans doute un défi pour les agriculteurs comme pour les décideurs politiques et les planificateurs. Pour aller de l'avant, de nombreux acteurs des filières alimentaires devront réviser leurs attitudes et leurs convictions erronées à l'égard du rôle réel du marché. Le résultat ira au-delà de la revitalisation du secteur rural, libéré des affres du réajustement structurel. Ce sera un pas décisif vers le développement d'une économie nationale plus équilibrée et plus durable, mieux à même de créer les conditions propices à l'épanouissement individuel et familial. Comme un participant le soulignait à la clôture de la conférence, il est vital que «la flamme de Dublin» soit reprise pour définir, au-delà des débats, des politiques, des actions et des projets positifs.
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De leur côté, gouvernements et planificateurs doivent bien se convaincre que les politiques qu'ils mettent en place fixent effectivement le cadre de l'action des paysans et des acteurs des filières agro-alimentaires de sorte que la pertinence de ces politiques est tout à fait déterminante. Depuis des années, les agriculteurs se plaignent à juste titre que les prix d'achat de leurs principales productions sont maintenus trop bas par les politiques gouvernementales dont l'objectif est de réduire les prix des denrées pour les consommateurs urbains. Leurs revenus des exportations sont restés faibles en raison des prélèvements effectués par les caisses de stabilisation et de la chute des cours des productions exportées. Le café et l'huile de palme d'Afrique occidentale sont aujourd'hui supplantés par les productions d'Asie, plus récentes, qui respectent mieux les normes de qualité et sont plus concurrentielles sur le marché. Les agriculteurs se plaignent aussi du non-respect des engagements concernant le transport des récoltes vers les entrepôts centraux et de l'irrégularité des paiements par les caisses de stabilisation. Il n'est pas surprenant que l'agriculture de tant de pays soit malade, voire moribonde, pour avoir été étouffée par le manque d'investissement, souvent parasitée et paralysée par des politiques inappropriées, des infrastructures inadéquates et une gestion inefficace. La plupart des pays ACP disposent pourtant d'un potentiel naturel et humain suffisant pour développer une agriculture saine. Cette perspective suppose une modification des attitudes de dépendance et la prise de responsabilités pour la commercialisation et la transformation de la production. Les agriculteurs des pays ACP doivent se considérer, et être considérés par les autres, non comme de simples travailleurs mais comme des gestionnaires et des en repreneurs. Cette évolution nécessite également une modification profonde des attitudes des autres acteurs des filières agricoles, ainsi que des décideurs politiques, des planificateurs et des donateurs. Des interactions existent au sein de l'économie rurale, de même qu'entre l'économie rurale et les économies industrielle et nationale des pays ACP. L'état de l'économie nationale reflète ainsi la santé et la vigueur - ou les faiblesses - de l'agriculture. Le fait que 43 des 59 pays ACP pour lesquels les chiffres sont disponibles aient enregistré, en 1992, une production alimentaire inférieure à celle de la période 1979-81 illustre l'échec de l'agriculture. Au cours d'une récente conférence organisée par le CTA à Dublin, en République d'Irlande, sur le thème «Stratégies paysannes et adaptation aux marchés dans l'agriculture des pays ACP», le Pr Helen O'Neil, directrice du Centre d'études sur le développement de l'Université de Dublin, estimait que, face à cette situation, les gouvernements doivent équilibrer chaque dollar investi dans le secteur industriel par un autre dollar consacré au secteur agricole. Changement, risques et perspectives Au moment où beaucoup d'activités commerciales sont en cours de privatisation, les agriculteurs doivent être déterminés à prendre des responsabilités au-delà des seules cultures et de l'élevage du bétail. Dans la mesure où le marché dictera de plus en plus ce qui se vend et à quel prix, les agriculteurs devront être informés ou s'informer eux-mêmes de la demande. Ils pourront être amenés à remettre en question leurs cultures et les variétés qu'ils utilisent autant que le bétail et les races sélectionnées pour leurs élevages. Ils devront aussi établir des critères de quantité et de qualité pour programmer leurs productions en fonction du marché. Ils chercheront, autant que possible, à satisfaire des marchés locaux ou spécialisés en cultivant, par exemple, une variété inhabituelle pour un besoin culinaire ou industriel particulier, ou encore en choisissant des cultures ou des animaux d'élevage adaptés aux goûts d'une minorité ou aux besoins d'un groupe ethnique ou religieux spécifique. Les agriculteurs devront organiser leur calendrier de plantation ou de reproduction pour le bétail en fonction du marché, déterminer les besoins en intrants tels que semences, engrais, pesticides, conditionnements pour les récoltes ou aliments pour le bétail, qu'ils soient auto-produits ou achetés. Est-ce trop attendre de la part des exploitants des pays ACP, qui sont généralement petits et dont la majorité lutte souvent pour assurer le minimum vital à leur famille ? Dans chaque communauté, malgré des contraintes analogues, certains agriculteurs progressent mieux et accumulent plus de richesses que leurs voisins. Dans le même village, deux parcelles adjacentes peuvent produire des récoltes très variables et deux fermiers, avec le même produit, peuvent négocier des prix et des conditions de vente très différents. Pour que plus d'agriculteurs puissent augmenter leurs revenus en produisant des denrées de meilleure qualité et en les vendant dans de meilleures conditions, les gouvernements, les organisations professionnelles, les services d'appui et les fermiers eux-mêmes doivent définir de nouvelles stratégies d'adaptation pour exploiter au mieux les possibilités qu'offre le marché. L'adaptation au marché trace la voie que les agriculteurs doivent suivre pour être en mesure de satisfaire les besoins de leur famille. C'est particulièrement important pour les agricultrices, dont beaucoup sont chefs de famille, et pour tous ceux qui ont la responsabilité des enfants, du ménage et de l'exploitation agricole. Renforcer la gestion -commerciale L'image traditionnelle de l'agriculture est centrée sur le cultivateur et suppose que la culture est une activité relativement facile et prévisible. En réalité, la culture qui est liée à la gestion de systèmes biologiques sous un climat imprévisible est une activité très complexe. De plus, elle n'est qu'une activité parmi d'autres telles que la recherche et l'achat d'intrants, la mise du produit sur le marché ou sa transformation, sa vente aux consommateurs. Les décideurs politiques, les planificateurs et les donateurs n'ont pas suffisamment pris en compte la nécessité d'aller au-delà du seul soutien aux agriculteurs. Pour que les agriculteurs puissent se développer, toutes les personnes dont ils dépendent, comme les chercheurs, les fournisseurs d'intrants, les négociants et les industriels de l'agro-alimentaire, doivent également être aidés pour pouvoir eux-mêmes se développer en relation avec les agriculteurs. Du fait de la complexité des filières agro-alimentaires, les interventions de l'Etat n'ont pas toujours eu l'impact escompté. Les interactions du processus de commercialisation, en particulier, sont beaucoup trop complexes pour être gérées par des dispositions étatiques, notamment pour les denrées périssables comme les fruits et légumes. Le Dr Ester Mgale, de Tanzanie, a étudié les moyens d'améliorer la rentabilité de la culture du manioc qui doit être transformé pour être comestible et plus aisément vendable. Les agriculteurs peuvent programmer leurs plantations et choisir des variétés qui produisent aux périodes de demande maximum. Ils peuvent assurer une haute qualité constante par le calibrage, la transformation et le conditionnement. Cependant, de telles initiatives ne peuvent être le fait que d'agriculteurs prêts à modifier les techniques traditionnelles et à s'adapter aux demandes du marché. Les agriculteurs peuvent se grouper pour bénéficier des économies réalisées en échelonnant les productions et la transformation. Ils peuvent augmenter leurs marges en vendant leurs produits directement aux détaillants ou aux consommateurs. Au Swaziland, par exemple, les agriculteurs s'associent pour produire et commercialiser des légumes comme la tomate, le chou, la carotte. Ils se sont adaptés à la demande de marchés internationaux, pour les grandes villes, en améliorant la qualité de leurs produits. La réalisation d'une plus-value suppose toujours un coût supplémentaire, pour la main-d'oeuvre et l'équipement nécessaires à la transformation, au conditionnement, au stockage et au transport, et pour l'autofinancement qui permet de vendre à son heure et non pas au plus vite. Si elle est disponible, l'épargne personnelle et familiale représente la formule de financement la plus économique. En alternative, les ONG peuvent octroyer des fonds sous forme de prêts à des taux compétitifs. Quand les agriculteurs se groupent, ils peuvent mettre en commun leur épargne personnelle pour démarrer des activités apportant une valeur ajoutée. Ces groupes qui intéressent plus facilement les ONG susceptibles de prêter peuvent aussi partager leurs expériences et renforcer leur capacité de négociation à l'achat ou à la vente. Les négociants et les intermédiaires proposent aussi des prêts, généralement plus coûteux. Le rôle des intermédiaires et leur intérêt Les intermédiaires et les négociants sont souvent considérés comme les exploiteurs. Lorsque les agriculteurs ne sont pas informés des tendances des marchés ou lorsqu'ils vivent dans des régions isolées, ils sont susceptibles de se laisser exploiter. Cependant de nombreux spécialistes reconnaissent que les négociants jouent un rôle déterminant dans le processus de commercialisation. En Tanzanie, là où les intermédiaires sont intervenus dans la filière manioc, la zone de culture et la production totale de tubercules ont augmenté du fait que les agriculteurs, déchargés de la commercialisation finale, ont pu se consacrer à la production, à la transformation et à la négociation des ventes aux intermédiaires. Les bana-bana jouent, au Sénégal, un rôle important en conseillant les agriculteurs sur les légumes faisant l'objet d'une demande et en fournissant les semences des variétés appréciées. A la récolte, le coût des intrants fournis est déduit et le prix de vente se négocie entre l'agriculteur et le bana-bana. Ces négociants se réservent de grosses marges, mais ils prennent également de gros risques pour financer leurs prospections, les intrants, le transport et les invendus. Leur disparition aurait un impact négatif à divers niveaux de la filière. Georges Jackson, qui a élaboré le dossier préparatoire de la conférence de Dublin, «Etude sur l'adaptation au marché et l'exploitation familiale», souligne qu'il faut accep ter que les marges commerciales s'accumulent jusqu'au consommateur final. Si les agriculteurs veulent augmenter leur part des dépenses des consommateurs, ils devront créer des alliances fructueuses avec les autres acteurs de la chaîne et se défaire des attitudes de confrontation sur les prix. Il y a un besoin urgent de former les producteurs à comprendre la valeur relative des investissements, des risques et des bénéfices dans l'ensemble des filières. Transmettre la flamme de Dublin Les possibilités d'augmenter la production agricole et la commercialisation à l'intérieur et au-delà des frontières nationales sont très grandes, en particulier du fait de la croissance des populations urbaines. La population de nombreuses villes comme Dakar ou Nairobi double tous les vingtcinq ans, ce qui pose des problèmes d'approvisionnement. C'est là que se situe le marché, pour le négoce local et régional des produits alimentaires, même si «le commerce régional est bloqué par les procédures douanières bureaucratiques et par le refus d'accepter les paiements des pays voisins autrement qu'en devises fortes», comme le remarque le Pr O'Neil. Développer, dans les pays ACP, des stratégies agricoles orientées vers le marché représente sans doute un défi pour les agriculteurs comme pour les décideurs politiques et les planificateurs. Pour aller de l'avant, de nombreux acteurs des filières alimentaires devront réviser leurs attitudes et leurs convictions erronées à l'égard du rôle réel du marché. Le résultat ira au-delà de la revitalisation du secteur rural, libéré des affres du réajustement structurel. Ce sera un pas décisif vers le développement d'une économie nationale plus équilibrée et plus durable, mieux à même de créer les conditions propices à l'épanouissement individuel et familial. Comme un participant le soulignait à la clôture de la conférence, il est vital que «la flamme de Dublin» soit reprise pour définir, au-delà des débats, des politiques, des actions et des projets positifs. Une agriculture productive offre de multiples avantages : la satisfaction des besoins alimentaires locaux, des matières premières pour l'industrie agroalimentaire, des emplois générateurs de revenus qui, à leur tour, encouragent la création... 1996 2015-03-23T11:09:56Z 2015-03-23T11:09:56Z News Item CTA. 1996. Nouvelles perspectives de marchés pour les agriculteurs entreprenants. Spore 61. CTA, Wageningen, The Netherlands. 1011-0046 https://hdl.handle.net/10568/61188 fr Spore Limited Access Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation Spore