Une bonne nutrition en ville: souvent un tour de force!

Une bonne nutrition en ville : souvent un tour de force! CHAPEAU S’assurer d’une bonne nutrition en ville est relativement difficile pour la majorité des personnes infectées parce qu’il faut généralement acheter les aliments, ce qui revient cher. Or les communautés les plus touchées par le VIH/sida sont aussi celles dont les sources de nourriture sont insuffisantes, prouvant encore s’il en était besoin le lien entre bonne nutrition et meilleure survie en cas d’infection. Il faut donc trouver des solutions bon marché pour permettre à ces personnes vivant avec le VIH de mieux se nourrir en ville, que ce soit du point de vue qualité ou quantité. Ambroise Diatta est diététicien, responsable du Service Nutrition au Centre de traitement ambulatoire du CHU de Fann à Dakar. Il parle des expériences tentées dans son centre au micro de Coumba Sylla. COMMENCEMENT DE LA BANDE: «La nutrition constitue un volet très important dans la prise en charge de l’infection à VIH parce …» FIN DE LA BANDE : « ... Donc avec 20 000 francs la personne peut gérer son micro-jardin.» DURÉE DE LA BANDE : 6’24 ANNONCE DE FIN: Cette émission vous était proposée par le CTA. Transcription Diatta La nutrition constitue un volet très important dans la prise en charge de l’infection à VIH parce qu’il y a en quelque sorte un cercle vicieux par rapport à l’évolution de l’infection à VIH et la malnutrition ; donc une personne vivant avec le VIH qui est malnutrie voit son infection évoluer rapidement vers le stade sida. Donc vraiment la majeure partie de nos clients sont très malnutris. Ce sont des personnes qui vivent sans revenus et par rapport au coût des denrées de première nécessité dans la ville, c’est très difficile de bien se nourrir. Sylla Déjà est-ce que vous pouvez nous donner des exemples de catégories de population pour qui c’est difficile? Diatta La majeure partie sont des veuves … Elles se débrouillent seules, vous voyez… Donc pour réunir les deux repas ou bien les trois repas de la journée, c’est un tas de problèmes. Il y a des enfants … par exemple vous pouvez voir une femme veuve et maintenant ces enfants qui sont un peu grands qui essayent de s’occuper … qui les amènent aux rendez-vous. Il y a même certains enfants qui sont désœuvrés, des enfants qui sont orphelins et vulnérables au VIH/sida et qui sont soit des orphelins totaux ou bien des orphelins de père ou bien des orphelins de mère. Ceux-là sont confrontés à des difficultés surtout de nutrition et si l’enfant est déjà affecté, il risque d’être touché par la malnutrition parce qu'il sera mal nourri et s’il est infecté, il risque d’avancer vite vers le stade sida. Sylla Pour ces catégories de personnes que vous venez de citer, quel est le moyen de pouvoir se nourrir à bas prix en ville? Diatta Le moyen de pouvoir se nourrir à bas prix en ville par rapport à ces catégories-là, c’est toujours la consommation de produits locaux. Sylla Mais même ça, ça implique aussi de faire des dépenses parce qu’il faut acheter ces produits-là. Est-ce qu’il y a d’autres moyens qui peuvent leur permettre de dépenser moins que cela encore mais tout en ayant au moins de quoi se nourrir? Diatta Par rapport à ça, nous avons essayé, nous au Centre de traitement ambulatoire, les projets de micro-jardinage. Ces micro-jardins, c'est bien vrai que ça demande quelques apports, surtout de l’eau, mais ça leur permet de se procurer surtout des légumes qui sont des éléments essentiels pour une bonne nutrition parce que ces légumes-là, il faut savoir qu’ils sont très riches en vitamines et en sels minéraux qui vont entraîner au moins le développement du système de défense de l’organisme. Sylla Qu’est-ce qu’on peut cultiver dans ces micro-jardins? Diatta Dans ces micro-jardins, par exemple, en tous cas en ce qui nous concerne ici au CTA, on a cultivé la carotte parce que souvent par rapport à la saison, vous allez dans le marché et avec 500 francs vous n’arriverez même pas à couvrir les besoins de la famille. Alors que si c’est la personne qui l’a cultivée elle- même, à ce moment-là elle pourra s’en procurer. On a aussi le navet… Il y a aussi de la salade : il ne faut pas rester sans savoir que la salade, souvent, c’est les personnes qui ont le moins qui ne peuvent pas s’en procurer alors que ceux qui sont démunis peuvent en cultiver eux-mêmes. Il y a de la salade, il y a des aubergines, il y a ce qu’on appelle la tomate amère communément appelée en wolof le «diakhatou», la patate douce qu’on cultive aussi. Sylla Les différents produits que vous venez de citer, qu’est-ce qu’ils contiennent qui peut être profitable à quelqu’un qui vit avec le VIH? Diatta Ce qu’ils contiennent, leur intérêt nutritionnel, c’est surtout l’apport en minéraux et en vitamines. Sylla Pour démarrer un projet de micro-jardins pour quelqu’un qui vit avec le VIH, comment faudrait-il s’y prendre? Diatta Pour démarrer le micro-jardin ce n’est pas trop difficile : il y a des emballages perdus, c’est du matériel qu’on a jeté, dont on n’a pas besoin … là la personne peut les utiliser, par exemple les pneus. Si on fait le tour de Dakar il y a tellement de pneus qu’on lance par ci par là, la personne peut s’en procurer, mettre une toile en bas, ça c’est pour éviter l’utilisation importante de l’eau qui est encore chère en ville et à ce moment-là dans ce pneu il peut planter par exemple deux pieds de tomates et s’il a par exemple cinq pneus, et que dans chaque pneu s’il plante par exemple deux plants de tomates, vous voyez ce que ça va donner à la production … Sylla Alors qu’est-ce qu’on fait? On prend le pneu, on découpe ou …? Diatta On découpe le pneu et à ce moment-là on met une toile qu’on va perforer. Après on met le substrat … Sylla Donc la terre? Diatta La terre … soit la terre mais souvent en matière de micro-jardinage on utilise la coque d’arachide et si … encore mieux, dans la périphérie, il y a la coque d’arachide qu’on peut se procurer comme ça … ou bien la paille de mil. Maintenant il y a des fois certaines contraintes : les attaques de la mouche blanche. Il y a la mouche blanche qui peut attaquer le jardin et si ce jardin-là n’est pas traité, ça risque de gâter les récoltes. Sylla Et ils n’ont pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour s’occuper du jardin et surveiller quotidiennement? Diatta Non! Le micro-jardin … on n’a pas besoin de dépenser de l’énergie pour ça parce que souvent dans les conseils de la prise en charge, on leur demande d’effectuer moins d’efforts. Sylla Donc si on devait faire le bilan de tout ce qu’il faut pour un micro-jardin, ça demanderait un investissement de combien en francs CFA? Diatta Ça va tourner dans les … 20 000 francs, la personne peut faire son micro-jardin parce que soit c’est l’achat de la toile plus les micro-éléments qui coûtent 400 francs la bouteille, 400 à 600 francs la bouteille, le substrat, il va falloir payer le substrat, l’eau et souvent dans la période nous avons des pluies donc avec ces pluies là, la personne ne va même pas acheter l’eau, c’est tout simplement ça … et l’achat des semences. Donc avec 20 000 francs la personne peut gérer son micro-jardin. Fin de la bande.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2007
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59670
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