Le « coton collant » demeure un problème pour La filière

Le « coton collant » demeure un problème pour La filière CHAPEAU Le coton est attaque par toutes sortes d’insectes mais l’un des plus gros problèmes auxquels les producteurs doivent faire face est le problème du coton collant. Le coton collant est causé par des mouches blanches, appelées « amiens » qui en se nourrissant sur la plante de coton excrètent un suc qui reste collé à la fibre contenue dans la fleur de coton. On peut facilement imaginer qu’une fibre pleine de sucre cause des dégâts considérables dans les filatures. C’est la raison pour laquelle le coton collant est acheté beaucoup moins cher et c’est une perte pour les producteurs. Ce problème affecte toutes les régions productrices de coton notamment le Cameroun ou les scientifiques se sont efforcés de trouver une solution. Le Dr THE Charles est généticien a l’IRAD l’Institut de recherche agronomique pour le développement de Douala et il nous parle du coton collant. DURÉE DE L’INTERVIEW : 6’32 Thé Le problème n’est pas complètement résolu mais au niveau de l’usinage ce n’est plus un problème. Le problème maintenant peut se poser uniquement au moment de l’exportation puisque les usines étrangères qui achètent notre coton sont obligées de déprécier notre coton parce qu’avec le coton non-collant l’usinage est beaucoup plus facile qu’avec le coton collant donc c’est un grand problème quant à la commercialisation de notre produit. Blandine Qu’est-ce qui favorise le développement de ces insectes vecteurs de la colle ? Thé Apparemment les feuilles sont plus faciles à mâcher et sont plus succulentes aux insectes et le bouton floral de coton, les insectes aiment bien les sucer parce que le suc qui y est, est sûrement très bon à leur goût. Si un jour on pouvait trouver une variété complètement tolérant aux insectes, je crois que non seulement la qualité de coton se trouvera renforcée mais aussi le paysan y trouvera son compte parce que le rendement augmenterait. Blandine Est-ce que la production du coton OGM ne constitue pas une solution pour résoudre le problème du coton collant ? Thé Evidemment si on utilise les OGM le problème du coton collant qui est un problème d’insectes serait résolu, mais comme vous savez très bien l’utilisation des OGM dans un pays demande que certaines lois soient d’abord misent en place avant que le pays puisse travailler là dessus. Cependant nous avons l’œil ouvert, nous regardons vers le Burkina-Faso qui a le même problème du coton collant et qui a commencé l’expérimentation sur l’utilisation du coton OGM. On verra si ça pourra résoudre le problème de ce côté et en ce moment nous serons plus confiant de le dire que les OGM fabriqués jusqu’ici pour lutter contre les insectes seront une des solutions pour le futur. Nous avons des molécules pour traiter le coton mais le coût de ces produits chimiques était hors de portée de la bourse du petit paysan, puisque nous travaillons d’abord pour le petit paysan et nous ne pouvons pas vulgariser une technologie qui ira contre ses intérêts économiques. Blandine Est-ce que le fait que les insectes du coton développent très rapidement les résistances n’est pas une difficulté supplémentaire à la recherche ? Thé C’est justement là la plus grande contrainte que nous avons, quand on trouve un produit chimique, quelques années après l’insecte s’y adapte, change de morphologie et de constitution génétique et devient tolérant à ce produit chimique. Je crois que c’est le genre de résistance que nous appelons résistance verticale. Blandine C’est-à-dire ? Thé C’est-à-dire pour une molécule donnée, correspond un genre ou une constitution génétique d’insecte bien déterminée et ce qui nous faudrait ce serait des produits qui vont conférer une résistance horizontale. Ca signifie que quand on appliquera ce genre de produit, sa sera résistant à plusieurs types ou genres d’insectes si bien que si l’insecte mutent ou devient tolérant, peut être que sa constitution génétique correspondra à une molécule donnée de ce produit qui va tout de même l’éliminer. Mais pour l’instant c’est la plus grande contrainte que nous avons, les produits insecticides que nous avons ont une longueur de vie pas très très longue parce que justement l’insecte développe des résistances et ça devient dangereux pour ça. Donc on est en permanence en train de rechercher des nouveaux produits chimiques pour pouvoir contrôler l’animal et puis évidemment les molécules sont de plus en plus complexes, donc de plus en plus chères. Blandine Étant donné que c’est un problème aussi grand, la seule perspective qui existe maintenant c’est le recours aux OGM ? Thé Non, je n’ai pas dit que c’est le seul recours qui nous reste à faire. Les OGM peuvent présenter peut être la solution à l’immédiat, non ce n’est pas l’unique solution. Je vous ai dit que la solution permanente et qui est compatible avec l’environnement c’est la recherche des variétés qui seront tolérantes à ces insectes. Quand on aura identifié un gène de tolérance, aux dégâts de ces insectes et qu’on l’aura introduit soit par des méthodes conventionnelles de génétique soit par des méthodes avancées de la géni-génétique aujourd’hui, la plante qui aura une résistance horizontale, je dis bien horizontale pas verticale, à ce moment là sa culture permettra de contrôler ces insectes. Pour l’instant on n’y est pas encore. Ça c’est le but à long terme. Blandine Certains planteurs disent que pour résoudre le problème du coton collant, il faut le récolter précocement qu’est ce que vous en pensez ? Thé La récolte précoce a été aussi étudiée dans nos essais et effectivement ça permet de diminuer sensiblement les dégâts. Mais vous savez, dans la zone cotonnière, le paysan est soumis à un rythme de travail : il a non seulement son coton à récolter, il a son maïs à récolter, il a ses arachides à récolter, il a son niébé à récolter et son programme cultural fait en sorte que généralement c’est le coton qui est le dernier à être récolté. Evidemment ceux qui apportent le coton avec le moindre dégât c’est ceux qui ont récolté tôt. Il y a des essais qui ont été fait toujours ici à l’IRAD pour se dire que défolier la plante quand cela a atteint la maturité parce qu’on se dit que les feuilles constituent aussi un abri pour les larves et pour le bon développement des insectes, donc nous avons pensé à faire des essais de défoliation qui feront que quand le coton atteint la maturité, ça n’a plus de feuilles et évidemment de tout ça vous avez des résultats positifs mais tout ça, pour que ce soit possible exige d’autres produits chimiques.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Audio biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2004
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59528
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!