Intensifier l'agriculture en protégeant l'environnement

Si, pendant des siècles, l'agriculteur des tropiques a pu vivre, bon an mal an, en équilibre avec son milieu, il ne fait plus de doute qu'en 1990 la pression démographique ne permet plus aux systèmes extensifs des cultures de préserver l'environnement. Aujourd'hui, la forêt meurt, la terre s'en va, le désert s'installe. La destruction des ressources naturelles, du sol et du couvert végétal, due à l'ouverture constante de nouvelles terres, conséquence de l'accroissement exponentiel de la démographie, détruit l'équilibre du milieu et de ce fait, hypothèque le potentiel de production. Il paraît nécessaire que la productivité des terres soit améliorée, tant les rendements que l'intensité culturale. Mais cette situation soulève un problème fondamental. Quelle est l'incidence sur l'environnement de pratiques agricoles intensives ? Cette intensification peut-elle être une cause de l'altération du milieu ou un moyen de préserver l'environnement ? Quelles sont à terme les conséquences de la non intensification ? Faut-il dès lors ou non intensifier l'agriculture tropicale ? Peut-on comparer la situation des pays du Tiers-monde à celle des pays industrialisés où notamment des quantités importantes de produits agrochimiques sont utilisées régulièrement pour produire des surplus de façon anti-économique ? L'agriculture itinérante a permis aux populations des tropiques d'assurer un équilibre entre leurs besoins et les ressources offertes par le milieu naturel. Au cours de son histoire, l'agriculture traditionnelle a évolué et ce processus s'est développé graduellement au cours des siècles dans un environnement humain stable. Ces conditions n'existent plus. Comme V. Drachoussoff l'a souligné (1), il ne faut pas surestimer les facultés d'évolution des systèmes traditionnels. «Ils sont adaptables à des changements rapides mais légers, ou profonds mais lents. Lorsque le changement est intense et rapide (par exemple dans une population à croissance démographique élevée et une urbanisation galopante), ces systèmes sont impuissants à assurer la survie culturelle des ruraux et la conservation écologique de leurs ressources sol-eau-végétation». Vaut-il mieux faire un barrage ou utiliser les engrais chimiques et assurer leurs inconvénients plutôt que saccager les dernières forêts pour gagner encore quelques milliers d'hectares de terres nouvelles et reporter ainsi le problème à la génération suivante ? Toutes ces réflexions traduisent une seule et même préoccupation : comment éviter que les populations en voie de développement se voient confrontées avec un terrible dilemme: se nourrir aujourd'hui au risque de mourir demain ou se sacrifier pour préserver l'avenir. Le développement de la production vivrière est-il compatible avec la protection de l'environnement ? L'eau, les engrais, la lutte phytosanitaire, la mécanisation, sont parmi les principaux éléments de l'agriculture moderne. Leur utilisation intensive n'est pas sans conséquence sur la qualité du milieu ; personne ne songe à le nier. Il importe d'examiner son incidence sur l'environnement en milieu tropical. Grands aménagements ou micro-hydraulique ? L'exemple du périmètre irrigué de Gezira au Soudan est révélateur à bien des égards des problèmes que pose, encore aujourd'hui, l'irrigation réalisée sur de grandes superficies et au moyen d'infrastructures importantes. Il s'agit du site le plus ancien et actuellement de la plus grande zone irriguée en Afrique. Au cours des douze dernières années, on peut constater que les rendements du coton ont oscillé autour d'une demi-tonne à l'hectare et que ceux des céréales sont restés compris entre une tonne et une tonne et demie à l'hectare. Il faut reconnaître qu'en agriculture irriguée, il ne s'agit pas là de rendements élevés ! Mais lorsqu'on sait que la pluviométrie de la région atteint que rarement 400 millimètres par an, et que certaines années, une pluviométrie presque nulle ne permet aucune récolte, force est de reconnaître que le périmètre de Gezira a pourvu, pendant près d'un demi-siècle, à la subsistance d'une population particulièrement déshéritée sur le plan de l'écologie. Il est un fait que la culture du coton, qui requiert de grandes quantités d'insecticides, a une influence sur la pollution du sol et de l'eau. C'est 30 millions de $US d'insecticides et six millions de $US d'herbicides qui sont utilisés chaque année et leurs effets se sont fait sentir sur les populations. Il est clair que des projets de cette envergure sont susceptibles d'être dommageables à l'environnement, et que cet aspect doit être pris en considération au moment où se décident et se programment ces réalisations. La micro-hydraulique, pour sa part, s'est traduite au Sahel par la réalisation de multiples petits aménagements alimentés par exhaure. Des succès ont été enregistrés. Outre l'alimentation en eau des populations, ces aménagements ont permis des activités agricoles intéressantes, voire rémunératrices, telles que les cultures fruitières et maraîchères, l'installation de pépinières arbustives, la construction de points d'eau pour le bétail, en un mot, un certain aménagement rationnel du territoire. L'impact sur le milieu de tels aménagements est donc, à première vue, assez positif, mais l'utilisation inconsidérée des nappes phréatiques n'est pas non plus sans conséquence sur l'avenir des quantités d'eau disponibles. La multiplication des forages a, hélas, conduit à une gestion anarchique de l'espace pastoral qui a profondément modifié l'environnement.La strate herbacée s’est considérablement appauvrie ;elle a disparu en maints endroits sur de grandes superficies a partir des points d’eau et L’érosion éolienne s’est installée.Les forages, ajoutes aux mesures vétérinaires, ont entraîne une croissance numérique vertigineuse des troupeaux qui descendent vers le sud ou se répètent la les pratiques qui ont conduit leur pays d’origine a la désertification. Il faut noter, au cours des dix dernières années, des succès remarquables obtenus sur divers plans dans des périmètres aux dimensions réduites et dans lesquels l'exploitation relevait surtout de la responsabilité des paysans utilisateurs (2). Il n'a pas été rare d'observer des résultats spectaculaires avec des rendements qui en deux saisons annuelles de riziculture dépassaient les dix tonnes à l'hectare. Ces rendements, qui expriment le véritable potentiel de l'irrigation, sont à comparer avec ceux des cultures céréalières traditionnelles, mil, sorgho, rendements éminemment aléatoires et dont les moyennes n'atteignent généralement pas une demi tonne à l'hectare. L'opération de micro-hydraulique réalisée à Madagascar est un autre exemple d'intensification en vue de l'amélioration de la productivité des rizières traditionnelles grâce à une meilleure maîtrise de l'eau en harmonie avec le milieu social et écologique. Les engrais : un équilibre difficile Les pays industrialisés utilisent une grande quantité d'engrais chimiques. Il a été largement démontré que ceci a des effets sur la santé humaine. Les doses optimum ont sans nul doute été dépassées. D'ailleurs, les doses optimum sur le plan de la rentabilité économique ne correspondent pas à celles pour le maintien de l'équilibre de l'environnement. Cependant, dans le contexte africain, si un pouvoir d'achat insuffisant a évité les inconvénients dus à l'excès d'engrais, il na pas permis de tirer profit d'une utilisation rationnelle. Or, dans les pays tropicaux, l'amélioration de la productivité des sols grâce à l'usage des engrais apporte également d'autres avantages : augmentation de la biomasse, meilleure couverture du sol et dès lors, moindre risque d'érosion, conservation et accroissement de la matière organique dans le sol grâce aux feuilles et aux racines. Si l'agriculture perd jusqu'à 30% de sa production à cause d'attaques de déprédateurs, il est clair que la lutte contre ceux-ci est indispensable. Néanmoins, l'utilisation de produits chimiques n'est pas sans inconvénients. Ils sont chers, dangereux à stocker et ont une durée de vie courte. Ils sont enfin dangereux pour l'environnement. L'expérience a en effet démontré les dangers de l'accumulation de résidus toxiques à la fois chez les humains et dans l'environnement. La lutte intégrée offre des perspectives intéressantes de protection des cultures moins susceptibles d'altérer le milieu naturel. Elle intègre les applications de produits chimiques avec les méthodes culturales, l'amélioration génétique, et la lutte biologique. Constatant les limites de la lutte chimique intensive ainsi que de la lutte biologique pure, cette stratégie s'appuie sur une meilleure connaissance des interactions entre les ravageurs, la plante et la faune utile. Culture attelée ou mécanisation C'est un constat qu'en Afrique, 80 % de la population ont une activité agricole et que néanmoins, la production de vivres est insuffisante. La rentabilité du travail de l'homme doit donc être améliorée. Le machinisme agricole offre une perspective intéressante à condition qu'elle ne soit pas utilisée dans une optique extensive où les champs sont mal désouchés, labourés superficiellement, sans protection anti-érosive et sans restitution organique importante. Elle doit être orientée vers une plus grande valorisation de la capacité des terres cultivables, favoriser l'utilisation des autres facteurs de production, et générer une amélioration des performances. Dans les régions où le bétail est abondant, la culture attelée est sans doute la forme de mécanisation accessible au plus grand nombre et la moins risquée sur le plan financier car elle demande un investissement modeste et un minimum de main-d'oeuvre familiale. L'utilisation des animaux de trait est, avec le parcage du bétail, qui permet de produire du fumier, un des meilleurs moyens d'intégrer l'agriculture et l'élevage, lesquels doivent être conçus en termes de complémentarité et non de concurrence. Toutefois, la culture attelée a ses limites ; elle dépend de l'habitude qu'ont les populations à gérer du bétail ; elle est limitée par les maladies qui frappent les animaux de trait ; elle ne permet pas, à elle seule, de mécaniser toutes les opérations culturales ; elle correspond donc à des niveaux de productivité qui restent modestes. La motorisation, quant à elle, permet de desserrer les goulots d'étranglement, lorsque le délai qui sépare l'enlèvement d'une récolte et la mise en place de la suivante est très court et lorsqu'il y a insuffisance de main-d'oeuvre. Conditionnant le nombre de récoltes, la motorisation peut s'avérer des plus rentables. Lorsque la pluviosité est défectueuse, le recours à la motorisation permet d'utiliser la totalité de la superficie disponible. Enfin, la motorisation permet d'étendre une superficie cultivée là où les terres sont abondantes et là où certaines d'entre elles en raison de leur compacité, ne se prêtent ni à la culture manuelle ni à la culture attelée. Les conséquences de l'intensification de l'agriculture sur l'environnement ont été étudiées au cours d'une journée d'étude organisée en juin 1990 à Bruxelles conjointement par l'Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer de Belgique et le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA). Les conclusions principales étaient : - l'intensification de l'agriculture conduit à une économie d'utilisation des terres ; cette économie est indispensable pour permettre la sauvegarde et la reconstitution du milieu ; - il ne servirait à rien de protéger l'environnement par des pratiques agricoles intensives si ces mêmes pratiques engendraient à leur tour d'autres formes d'altération de l'environnement. L'exemple des pays industrialisés montre à cet égard que les excès de l'intensification sont aussi néfastes à la qualité de la vie et à l'environnement que la pression démographique combinée à l'agriculture extensive dans les pays en développement. Il n'y a pas de solution miracle en agriculture ; il y a, par contre, un arsenal de moyens, chaque jour des plus performants, que les chercheurs mettent à la disposition des producteurs, mais l'application d'un seul de ces moyens ou l'excès dans son application engendre des déséquilibres et conduit à la dégradation du milieu. En fait, chacun de ces moyens n'est qu'une pierre de tout un édifice ; bien l'intégrer à l'ensemble des autres facteurs de la production, c'est faire de la bonne agriculture ; et la bonne agriculture conduit inévitablement à l'accroissement de la production, donc à l'économie des terres, donc à la préservation du patrimoine naturel, donc à la sauvegarde de l'avenir. Comme l'ont fait les pays industrialisés, les peuples en voie de développement ont incontestablement le droit à l'intensification ; dans les circonstances démographiques actuelles, c'est un droit à la survie. Encore faut-il espérer qu'ils ne tomberont pas dans les excès qui peuvent, à leur tour, mettre leur propre avenir en péril. Bien entendu, l'intensification coûte cher - «je préfère abattre un pan de forêt que d'acheter des engrais» disait un Africain - mais c'est un investissement rentable. On peut voir aujourd'hui partout dans le monde tropical les conséquences désastreuses de l'agriculture extensive liée à la surpopulation ; on entrevoit aussi, dans certains pays industrialisés, -et ils sont nombreux- les conséquences encore plus désastreuses des excès de cette agriculture intensive des marchands. Si, devant ces situations que l'on peut maintenant toucher du doigt, les nouveaux agriculteurs du Tiers-Monde répètent les mêmes erreurs, ils porteront la terrible responsabilité d'avoir à jamais hypothéqué leur avenir. (1) Dans Stratégies Alimentaires et Nutritionnelles. Concepts - Objectifs - Pratiques - Actes d'un séminaire - Eds R. Delleré et J.J. Symoens CTA - Académie Royale des Sciences d'OutreMer. (2) Voir J. Hecq et F. Dugauquier, Périmètres irrigués villageois en Afrique Sahélienne - CTA 1990. (3) Voir J. Hecq et F. Dugauquier, Petite hydraulique agricole à Madagascar - CTA 1990.

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Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1990
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59381
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Quelles sont à terme les conséquences de la non intensification ? Faut-il dès lors ou non intensifier l'agriculture tropicale ? Peut-on comparer la situation des pays du Tiers-monde à celle des pays industrialisés où notamment des quantités importantes de produits agrochimiques sont utilisées régulièrement pour produire des surplus de façon anti-économique ? L'agriculture itinérante a permis aux populations des tropiques d'assurer un équilibre entre leurs besoins et les ressources offertes par le milieu naturel. Au cours de son histoire, l'agriculture traditionnelle a évolué et ce processus s'est développé graduellement au cours des siècles dans un environnement humain stable. Ces conditions n'existent plus. Comme V. Drachoussoff l'a souligné (1), il ne faut pas surestimer les facultés d'évolution des systèmes traditionnels. «Ils sont adaptables à des changements rapides mais légers, ou profonds mais lents. Lorsque le changement est intense et rapide (par exemple dans une population à croissance démographique élevée et une urbanisation galopante), ces systèmes sont impuissants à assurer la survie culturelle des ruraux et la conservation écologique de leurs ressources sol-eau-végétation». Vaut-il mieux faire un barrage ou utiliser les engrais chimiques et assurer leurs inconvénients plutôt que saccager les dernières forêts pour gagner encore quelques milliers d'hectares de terres nouvelles et reporter ainsi le problème à la génération suivante ? Toutes ces réflexions traduisent une seule et même préoccupation : comment éviter que les populations en voie de développement se voient confrontées avec un terrible dilemme: se nourrir aujourd'hui au risque de mourir demain ou se sacrifier pour préserver l'avenir. Le développement de la production vivrière est-il compatible avec la protection de l'environnement ? L'eau, les engrais, la lutte phytosanitaire, la mécanisation, sont parmi les principaux éléments de l'agriculture moderne. Leur utilisation intensive n'est pas sans conséquence sur la qualité du milieu ; personne ne songe à le nier. Il importe d'examiner son incidence sur l'environnement en milieu tropical. Grands aménagements ou micro-hydraulique ? L'exemple du périmètre irrigué de Gezira au Soudan est révélateur à bien des égards des problèmes que pose, encore aujourd'hui, l'irrigation réalisée sur de grandes superficies et au moyen d'infrastructures importantes. Il s'agit du site le plus ancien et actuellement de la plus grande zone irriguée en Afrique. Au cours des douze dernières années, on peut constater que les rendements du coton ont oscillé autour d'une demi-tonne à l'hectare et que ceux des céréales sont restés compris entre une tonne et une tonne et demie à l'hectare. Il faut reconnaître qu'en agriculture irriguée, il ne s'agit pas là de rendements élevés ! Mais lorsqu'on sait que la pluviométrie de la région atteint que rarement 400 millimètres par an, et que certaines années, une pluviométrie presque nulle ne permet aucune récolte, force est de reconnaître que le périmètre de Gezira a pourvu, pendant près d'un demi-siècle, à la subsistance d'une population particulièrement déshéritée sur le plan de l'écologie. Il est un fait que la culture du coton, qui requiert de grandes quantités d'insecticides, a une influence sur la pollution du sol et de l'eau. C'est 30 millions de $US d'insecticides et six millions de $US d'herbicides qui sont utilisés chaque année et leurs effets se sont fait sentir sur les populations. Il est clair que des projets de cette envergure sont susceptibles d'être dommageables à l'environnement, et que cet aspect doit être pris en considération au moment où se décident et se programment ces réalisations. La micro-hydraulique, pour sa part, s'est traduite au Sahel par la réalisation de multiples petits aménagements alimentés par exhaure. Des succès ont été enregistrés. Outre l'alimentation en eau des populations, ces aménagements ont permis des activités agricoles intéressantes, voire rémunératrices, telles que les cultures fruitières et maraîchères, l'installation de pépinières arbustives, la construction de points d'eau pour le bétail, en un mot, un certain aménagement rationnel du territoire. L'impact sur le milieu de tels aménagements est donc, à première vue, assez positif, mais l'utilisation inconsidérée des nappes phréatiques n'est pas non plus sans conséquence sur l'avenir des quantités d'eau disponibles. La multiplication des forages a, hélas, conduit à une gestion anarchique de l'espace pastoral qui a profondément modifié l'environnement.La strate herbacée s’est considérablement appauvrie ;elle a disparu en maints endroits sur de grandes superficies a partir des points d’eau et L’érosion éolienne s’est installée.Les forages, ajoutes aux mesures vétérinaires, ont entraîne une croissance numérique vertigineuse des troupeaux qui descendent vers le sud ou se répètent la les pratiques qui ont conduit leur pays d’origine a la désertification. Il faut noter, au cours des dix dernières années, des succès remarquables obtenus sur divers plans dans des périmètres aux dimensions réduites et dans lesquels l'exploitation relevait surtout de la responsabilité des paysans utilisateurs (2). Il n'a pas été rare d'observer des résultats spectaculaires avec des rendements qui en deux saisons annuelles de riziculture dépassaient les dix tonnes à l'hectare. Ces rendements, qui expriment le véritable potentiel de l'irrigation, sont à comparer avec ceux des cultures céréalières traditionnelles, mil, sorgho, rendements éminemment aléatoires et dont les moyennes n'atteignent généralement pas une demi tonne à l'hectare. L'opération de micro-hydraulique réalisée à Madagascar est un autre exemple d'intensification en vue de l'amélioration de la productivité des rizières traditionnelles grâce à une meilleure maîtrise de l'eau en harmonie avec le milieu social et écologique. Les engrais : un équilibre difficile Les pays industrialisés utilisent une grande quantité d'engrais chimiques. Il a été largement démontré que ceci a des effets sur la santé humaine. Les doses optimum ont sans nul doute été dépassées. D'ailleurs, les doses optimum sur le plan de la rentabilité économique ne correspondent pas à celles pour le maintien de l'équilibre de l'environnement. Cependant, dans le contexte africain, si un pouvoir d'achat insuffisant a évité les inconvénients dus à l'excès d'engrais, il na pas permis de tirer profit d'une utilisation rationnelle. Or, dans les pays tropicaux, l'amélioration de la productivité des sols grâce à l'usage des engrais apporte également d'autres avantages : augmentation de la biomasse, meilleure couverture du sol et dès lors, moindre risque d'érosion, conservation et accroissement de la matière organique dans le sol grâce aux feuilles et aux racines. Si l'agriculture perd jusqu'à 30% de sa production à cause d'attaques de déprédateurs, il est clair que la lutte contre ceux-ci est indispensable. Néanmoins, l'utilisation de produits chimiques n'est pas sans inconvénients. Ils sont chers, dangereux à stocker et ont une durée de vie courte. Ils sont enfin dangereux pour l'environnement. L'expérience a en effet démontré les dangers de l'accumulation de résidus toxiques à la fois chez les humains et dans l'environnement. La lutte intégrée offre des perspectives intéressantes de protection des cultures moins susceptibles d'altérer le milieu naturel. Elle intègre les applications de produits chimiques avec les méthodes culturales, l'amélioration génétique, et la lutte biologique. Constatant les limites de la lutte chimique intensive ainsi que de la lutte biologique pure, cette stratégie s'appuie sur une meilleure connaissance des interactions entre les ravageurs, la plante et la faune utile. Culture attelée ou mécanisation C'est un constat qu'en Afrique, 80 % de la population ont une activité agricole et que néanmoins, la production de vivres est insuffisante. La rentabilité du travail de l'homme doit donc être améliorée. Le machinisme agricole offre une perspective intéressante à condition qu'elle ne soit pas utilisée dans une optique extensive où les champs sont mal désouchés, labourés superficiellement, sans protection anti-érosive et sans restitution organique importante. Elle doit être orientée vers une plus grande valorisation de la capacité des terres cultivables, favoriser l'utilisation des autres facteurs de production, et générer une amélioration des performances. Dans les régions où le bétail est abondant, la culture attelée est sans doute la forme de mécanisation accessible au plus grand nombre et la moins risquée sur le plan financier car elle demande un investissement modeste et un minimum de main-d'oeuvre familiale. L'utilisation des animaux de trait est, avec le parcage du bétail, qui permet de produire du fumier, un des meilleurs moyens d'intégrer l'agriculture et l'élevage, lesquels doivent être conçus en termes de complémentarité et non de concurrence. Toutefois, la culture attelée a ses limites ; elle dépend de l'habitude qu'ont les populations à gérer du bétail ; elle est limitée par les maladies qui frappent les animaux de trait ; elle ne permet pas, à elle seule, de mécaniser toutes les opérations culturales ; elle correspond donc à des niveaux de productivité qui restent modestes. La motorisation, quant à elle, permet de desserrer les goulots d'étranglement, lorsque le délai qui sépare l'enlèvement d'une récolte et la mise en place de la suivante est très court et lorsqu'il y a insuffisance de main-d'oeuvre. Conditionnant le nombre de récoltes, la motorisation peut s'avérer des plus rentables. Lorsque la pluviosité est défectueuse, le recours à la motorisation permet d'utiliser la totalité de la superficie disponible. Enfin, la motorisation permet d'étendre une superficie cultivée là où les terres sont abondantes et là où certaines d'entre elles en raison de leur compacité, ne se prêtent ni à la culture manuelle ni à la culture attelée. Les conséquences de l'intensification de l'agriculture sur l'environnement ont été étudiées au cours d'une journée d'étude organisée en juin 1990 à Bruxelles conjointement par l'Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer de Belgique et le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA). Les conclusions principales étaient : - l'intensification de l'agriculture conduit à une économie d'utilisation des terres ; cette économie est indispensable pour permettre la sauvegarde et la reconstitution du milieu ; - il ne servirait à rien de protéger l'environnement par des pratiques agricoles intensives si ces mêmes pratiques engendraient à leur tour d'autres formes d'altération de l'environnement. L'exemple des pays industrialisés montre à cet égard que les excès de l'intensification sont aussi néfastes à la qualité de la vie et à l'environnement que la pression démographique combinée à l'agriculture extensive dans les pays en développement. Il n'y a pas de solution miracle en agriculture ; il y a, par contre, un arsenal de moyens, chaque jour des plus performants, que les chercheurs mettent à la disposition des producteurs, mais l'application d'un seul de ces moyens ou l'excès dans son application engendre des déséquilibres et conduit à la dégradation du milieu. En fait, chacun de ces moyens n'est qu'une pierre de tout un édifice ; bien l'intégrer à l'ensemble des autres facteurs de la production, c'est faire de la bonne agriculture ; et la bonne agriculture conduit inévitablement à l'accroissement de la production, donc à l'économie des terres, donc à la préservation du patrimoine naturel, donc à la sauvegarde de l'avenir. Comme l'ont fait les pays industrialisés, les peuples en voie de développement ont incontestablement le droit à l'intensification ; dans les circonstances démographiques actuelles, c'est un droit à la survie. Encore faut-il espérer qu'ils ne tomberont pas dans les excès qui peuvent, à leur tour, mettre leur propre avenir en péril. Bien entendu, l'intensification coûte cher - «je préfère abattre un pan de forêt que d'acheter des engrais» disait un Africain - mais c'est un investissement rentable. On peut voir aujourd'hui partout dans le monde tropical les conséquences désastreuses de l'agriculture extensive liée à la surpopulation ; on entrevoit aussi, dans certains pays industrialisés, -et ils sont nombreux- les conséquences encore plus désastreuses des excès de cette agriculture intensive des marchands. Si, devant ces situations que l'on peut maintenant toucher du doigt, les nouveaux agriculteurs du Tiers-Monde répètent les mêmes erreurs, ils porteront la terrible responsabilité d'avoir à jamais hypothéqué leur avenir. (1) Dans Stratégies Alimentaires et Nutritionnelles. Concepts - Objectifs - Pratiques - Actes d'un séminaire - Eds R. Delleré et J.J. Symoens CTA - Académie Royale des Sciences d'OutreMer. (2) Voir J. Hecq et F. Dugauquier, Périmètres irrigués villageois en Afrique Sahélienne - CTA 1990. (3) Voir J. Hecq et F. Dugauquier, Petite hydraulique agricole à Madagascar - CTA 1990.
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Quelle est l'incidence sur l'environnement de pratiques agricoles intensives ? Cette intensification peut-elle être une cause de l'altération du milieu ou un moyen de préserver l'environnement ? Quelles sont à terme les conséquences de la non intensification ? Faut-il dès lors ou non intensifier l'agriculture tropicale ? Peut-on comparer la situation des pays du Tiers-monde à celle des pays industrialisés où notamment des quantités importantes de produits agrochimiques sont utilisées régulièrement pour produire des surplus de façon anti-économique ? L'agriculture itinérante a permis aux populations des tropiques d'assurer un équilibre entre leurs besoins et les ressources offertes par le milieu naturel. Au cours de son histoire, l'agriculture traditionnelle a évolué et ce processus s'est développé graduellement au cours des siècles dans un environnement humain stable. Ces conditions n'existent plus. Comme V. Drachoussoff l'a souligné (1), il ne faut pas surestimer les facultés d'évolution des systèmes traditionnels. «Ils sont adaptables à des changements rapides mais légers, ou profonds mais lents. Lorsque le changement est intense et rapide (par exemple dans une population à croissance démographique élevée et une urbanisation galopante), ces systèmes sont impuissants à assurer la survie culturelle des ruraux et la conservation écologique de leurs ressources sol-eau-végétation». Vaut-il mieux faire un barrage ou utiliser les engrais chimiques et assurer leurs inconvénients plutôt que saccager les dernières forêts pour gagner encore quelques milliers d'hectares de terres nouvelles et reporter ainsi le problème à la génération suivante ? Toutes ces réflexions traduisent une seule et même préoccupation : comment éviter que les populations en voie de développement se voient confrontées avec un terrible dilemme: se nourrir aujourd'hui au risque de mourir demain ou se sacrifier pour préserver l'avenir. Le développement de la production vivrière est-il compatible avec la protection de l'environnement ? L'eau, les engrais, la lutte phytosanitaire, la mécanisation, sont parmi les principaux éléments de l'agriculture moderne. Leur utilisation intensive n'est pas sans conséquence sur la qualité du milieu ; personne ne songe à le nier. Il importe d'examiner son incidence sur l'environnement en milieu tropical. Grands aménagements ou micro-hydraulique ? L'exemple du périmètre irrigué de Gezira au Soudan est révélateur à bien des égards des problèmes que pose, encore aujourd'hui, l'irrigation réalisée sur de grandes superficies et au moyen d'infrastructures importantes. Il s'agit du site le plus ancien et actuellement de la plus grande zone irriguée en Afrique. Au cours des douze dernières années, on peut constater que les rendements du coton ont oscillé autour d'une demi-tonne à l'hectare et que ceux des céréales sont restés compris entre une tonne et une tonne et demie à l'hectare. Il faut reconnaître qu'en agriculture irriguée, il ne s'agit pas là de rendements élevés ! Mais lorsqu'on sait que la pluviométrie de la région atteint que rarement 400 millimètres par an, et que certaines années, une pluviométrie presque nulle ne permet aucune récolte, force est de reconnaître que le périmètre de Gezira a pourvu, pendant près d'un demi-siècle, à la subsistance d'une population particulièrement déshéritée sur le plan de l'écologie. Il est un fait que la culture du coton, qui requiert de grandes quantités d'insecticides, a une influence sur la pollution du sol et de l'eau. C'est 30 millions de $US d'insecticides et six millions de $US d'herbicides qui sont utilisés chaque année et leurs effets se sont fait sentir sur les populations. Il est clair que des projets de cette envergure sont susceptibles d'être dommageables à l'environnement, et que cet aspect doit être pris en considération au moment où se décident et se programment ces réalisations. La micro-hydraulique, pour sa part, s'est traduite au Sahel par la réalisation de multiples petits aménagements alimentés par exhaure. Des succès ont été enregistrés. Outre l'alimentation en eau des populations, ces aménagements ont permis des activités agricoles intéressantes, voire rémunératrices, telles que les cultures fruitières et maraîchères, l'installation de pépinières arbustives, la construction de points d'eau pour le bétail, en un mot, un certain aménagement rationnel du territoire. L'impact sur le milieu de tels aménagements est donc, à première vue, assez positif, mais l'utilisation inconsidérée des nappes phréatiques n'est pas non plus sans conséquence sur l'avenir des quantités d'eau disponibles. La multiplication des forages a, hélas, conduit à une gestion anarchique de l'espace pastoral qui a profondément modifié l'environnement.La strate herbacée s’est considérablement appauvrie ;elle a disparu en maints endroits sur de grandes superficies a partir des points d’eau et L’érosion éolienne s’est installée.Les forages, ajoutes aux mesures vétérinaires, ont entraîne une croissance numérique vertigineuse des troupeaux qui descendent vers le sud ou se répètent la les pratiques qui ont conduit leur pays d’origine a la désertification. Il faut noter, au cours des dix dernières années, des succès remarquables obtenus sur divers plans dans des périmètres aux dimensions réduites et dans lesquels l'exploitation relevait surtout de la responsabilité des paysans utilisateurs (2). Il n'a pas été rare d'observer des résultats spectaculaires avec des rendements qui en deux saisons annuelles de riziculture dépassaient les dix tonnes à l'hectare. Ces rendements, qui expriment le véritable potentiel de l'irrigation, sont à comparer avec ceux des cultures céréalières traditionnelles, mil, sorgho, rendements éminemment aléatoires et dont les moyennes n'atteignent généralement pas une demi tonne à l'hectare. L'opération de micro-hydraulique réalisée à Madagascar est un autre exemple d'intensification en vue de l'amélioration de la productivité des rizières traditionnelles grâce à une meilleure maîtrise de l'eau en harmonie avec le milieu social et écologique. Les engrais : un équilibre difficile Les pays industrialisés utilisent une grande quantité d'engrais chimiques. Il a été largement démontré que ceci a des effets sur la santé humaine. Les doses optimum ont sans nul doute été dépassées. D'ailleurs, les doses optimum sur le plan de la rentabilité économique ne correspondent pas à celles pour le maintien de l'équilibre de l'environnement. Cependant, dans le contexte africain, si un pouvoir d'achat insuffisant a évité les inconvénients dus à l'excès d'engrais, il na pas permis de tirer profit d'une utilisation rationnelle. Or, dans les pays tropicaux, l'amélioration de la productivité des sols grâce à l'usage des engrais apporte également d'autres avantages : augmentation de la biomasse, meilleure couverture du sol et dès lors, moindre risque d'érosion, conservation et accroissement de la matière organique dans le sol grâce aux feuilles et aux racines. Si l'agriculture perd jusqu'à 30% de sa production à cause d'attaques de déprédateurs, il est clair que la lutte contre ceux-ci est indispensable. Néanmoins, l'utilisation de produits chimiques n'est pas sans inconvénients. Ils sont chers, dangereux à stocker et ont une durée de vie courte. Ils sont enfin dangereux pour l'environnement. L'expérience a en effet démontré les dangers de l'accumulation de résidus toxiques à la fois chez les humains et dans l'environnement. La lutte intégrée offre des perspectives intéressantes de protection des cultures moins susceptibles d'altérer le milieu naturel. Elle intègre les applications de produits chimiques avec les méthodes culturales, l'amélioration génétique, et la lutte biologique. Constatant les limites de la lutte chimique intensive ainsi que de la lutte biologique pure, cette stratégie s'appuie sur une meilleure connaissance des interactions entre les ravageurs, la plante et la faune utile. Culture attelée ou mécanisation C'est un constat qu'en Afrique, 80 % de la population ont une activité agricole et que néanmoins, la production de vivres est insuffisante. La rentabilité du travail de l'homme doit donc être améliorée. Le machinisme agricole offre une perspective intéressante à condition qu'elle ne soit pas utilisée dans une optique extensive où les champs sont mal désouchés, labourés superficiellement, sans protection anti-érosive et sans restitution organique importante. Elle doit être orientée vers une plus grande valorisation de la capacité des terres cultivables, favoriser l'utilisation des autres facteurs de production, et générer une amélioration des performances. Dans les régions où le bétail est abondant, la culture attelée est sans doute la forme de mécanisation accessible au plus grand nombre et la moins risquée sur le plan financier car elle demande un investissement modeste et un minimum de main-d'oeuvre familiale. L'utilisation des animaux de trait est, avec le parcage du bétail, qui permet de produire du fumier, un des meilleurs moyens d'intégrer l'agriculture et l'élevage, lesquels doivent être conçus en termes de complémentarité et non de concurrence. Toutefois, la culture attelée a ses limites ; elle dépend de l'habitude qu'ont les populations à gérer du bétail ; elle est limitée par les maladies qui frappent les animaux de trait ; elle ne permet pas, à elle seule, de mécaniser toutes les opérations culturales ; elle correspond donc à des niveaux de productivité qui restent modestes. La motorisation, quant à elle, permet de desserrer les goulots d'étranglement, lorsque le délai qui sépare l'enlèvement d'une récolte et la mise en place de la suivante est très court et lorsqu'il y a insuffisance de main-d'oeuvre. Conditionnant le nombre de récoltes, la motorisation peut s'avérer des plus rentables. Lorsque la pluviosité est défectueuse, le recours à la motorisation permet d'utiliser la totalité de la superficie disponible. Enfin, la motorisation permet d'étendre une superficie cultivée là où les terres sont abondantes et là où certaines d'entre elles en raison de leur compacité, ne se prêtent ni à la culture manuelle ni à la culture attelée. Les conséquences de l'intensification de l'agriculture sur l'environnement ont été étudiées au cours d'une journée d'étude organisée en juin 1990 à Bruxelles conjointement par l'Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer de Belgique et le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA). Les conclusions principales étaient : - l'intensification de l'agriculture conduit à une économie d'utilisation des terres ; cette économie est indispensable pour permettre la sauvegarde et la reconstitution du milieu ; - il ne servirait à rien de protéger l'environnement par des pratiques agricoles intensives si ces mêmes pratiques engendraient à leur tour d'autres formes d'altération de l'environnement. L'exemple des pays industrialisés montre à cet égard que les excès de l'intensification sont aussi néfastes à la qualité de la vie et à l'environnement que la pression démographique combinée à l'agriculture extensive dans les pays en développement. Il n'y a pas de solution miracle en agriculture ; il y a, par contre, un arsenal de moyens, chaque jour des plus performants, que les chercheurs mettent à la disposition des producteurs, mais l'application d'un seul de ces moyens ou l'excès dans son application engendre des déséquilibres et conduit à la dégradation du milieu. En fait, chacun de ces moyens n'est qu'une pierre de tout un édifice ; bien l'intégrer à l'ensemble des autres facteurs de la production, c'est faire de la bonne agriculture ; et la bonne agriculture conduit inévitablement à l'accroissement de la production, donc à l'économie des terres, donc à la préservation du patrimoine naturel, donc à la sauvegarde de l'avenir. Comme l'ont fait les pays industrialisés, les peuples en voie de développement ont incontestablement le droit à l'intensification ; dans les circonstances démographiques actuelles, c'est un droit à la survie. Encore faut-il espérer qu'ils ne tomberont pas dans les excès qui peuvent, à leur tour, mettre leur propre avenir en péril. Bien entendu, l'intensification coûte cher - «je préfère abattre un pan de forêt que d'acheter des engrais» disait un Africain - mais c'est un investissement rentable. On peut voir aujourd'hui partout dans le monde tropical les conséquences désastreuses de l'agriculture extensive liée à la surpopulation ; on entrevoit aussi, dans certains pays industrialisés, -et ils sont nombreux- les conséquences encore plus désastreuses des excès de cette agriculture intensive des marchands. Si, devant ces situations que l'on peut maintenant toucher du doigt, les nouveaux agriculteurs du Tiers-Monde répètent les mêmes erreurs, ils porteront la terrible responsabilité d'avoir à jamais hypothéqué leur avenir. (1) Dans Stratégies Alimentaires et Nutritionnelles. Concepts - Objectifs - Pratiques - Actes d'un séminaire - Eds R. Delleré et J.J. Symoens CTA - Académie Royale des Sciences d'OutreMer. (2) Voir J. Hecq et F. Dugauquier, Périmètres irrigués villageois en Afrique Sahélienne - CTA 1990. (3) Voir J. Hecq et F. Dugauquier, Petite hydraulique agricole à Madagascar - CTA 1990. Si, pendant des siècles, l'agriculteur des tropiques a pu vivre, bon an mal an, en équilibre avec son milieu, il ne fait plus de doute qu'en 1990 la pression démographique ne permet plus aux systèmes extensifs des cultures de préserver... 1990 2015-03-19T13:50:04Z 2015-03-19T13:50:04Z News Item CTA. 1990. Intensifier l'agriculture en protégeant l'environnement. Spore 29. CTA, Wageningen, The Netherlands. 1011-0046 https://hdl.handle.net/10568/59381 fr Spore Limited Access Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation Spore