Comment exploiter la forêt sans la détruire ?

Un atelier de travail sur l'aménagement et la conservation de l'écosystème forestier tropical humide s'est tenu à Cayenne, en Guyane, du 12 au 16 mars dernier. A l'initiative de trois grandes organisations internationales, l'UNESCO, la FAO, et l'IUFRO, plus de 130 participants, venus de 35 pays, se sont réunis pour faire le bilan des méthodes actuellement disponibles pour freiner la destruction de cet écosystème tout en continuant à l'exploiter. Chaque année, 7,5 millions d'hectares de forêts denses humides disparaissent sous la pression conjuguée des exploitants forestiers et des agriculteurs en quête de terres. A ce rythme, si aucune mesure n'est prise, la moitié des forêts tropicales aura disparu à la fin du siècle, emportant avec elle un patrimoine génétique végétal et animal unique sur la planète. L'atelier de travail, organisé à Cayenne en mars dernier, avait pour objectif de faire le point sur les méthodes d'aménagement et de conservation des forêts, appliquées ou expérimentées aujourd'hui sur les trois continents. Une forêt qui a plus de cent espèces à l'hectare Les organisateurs avaient tenu à rassembler tous ceux que la forêt intéresse, que ce soit pour ses plantes, ses animaux, ses sols, son fonctionnement, ou ses habitants. Car, pour préserver le patrimoine que constituent ces forêts, il faut conserver leur très grande diversité. «Les forêts tropicales humides abritent plus de 60 % des espèces vivantes animales et végétales et 80 % des insectes» ont rappelé les fondamentalistes. Alors que les forêts tempérées ne portent que 10 à 15 espèces à l'hectare, les forêts tropicales en ont plus de cent ! Il ri est pas toujours facile de prendre en compte les exigences d'une aussi grande diversité d'éléments. La production de bois d'oeuvre, par exemple, s'accommode mal du maintien de cette diversité. «Nous devons favoriser la croissance des espèces de valeur en supprimant les arbres qui leur font concurrence» ont expliqué les exploitants. «Mais, de grâce» ont demandé les botanistes, «prenez des précautions ! En Guyane, chaque année depuis 20 ans, on trouve trois à quatre espèces nouvelles de plantes. C'est la même chose en Afrique». Vaste programme que de préserver la forêt dans toute sa richesse et sur d'immenses superficies. Les participants ont donc recensé leurs besoins. Des manques à combler et des efforts à faire Des forestiers bien formés, des financements tenant compte de l'ampleur de la tâche, des laboratoires de recherche en vraie grandeur, l'élaboration de cartes, ont été les principales demandes. Dans le domaine de la recherche, les «aménagistes» ont précisé les points sur lesquels porter leurs efforts dans les prochaines années : produire une plus grande qualité technologique du bois pour couper moins d'arbres, réaliser des économies de matière (la moitié de la production entre l'abattage et la transformation est encore perdue actuellement), mettre au point des techniques sylvicoles simples, claires et détaillées, ont été quelques uns des points abordés. «Nous devons aussi porter tous nos efforts sur la régénération, que nous connaissons mal et qui pourrait être une dynamique formidable pour freiner la destruction des forêts» ont insisté les ingénieurs du CTFT. La volonté politique d'une forêt à objectifs Les participants n'ont pas prétendu résoudre tous les problèmes au cours de ces quelques jours. La moitié des forêts tropicales défrichées à la fin du siècle, tous connaissaient le verdict de la FAO. Mais sur les 500 millions d'hectares restants, beaucoup de choses peuvent être faites. Délimiter des espaces chargés de remplir chacun des objectifs a semblé la solution la plus appropriée : forêts classées pour préserver la diversité génétique, production de bois d'oeuvre, parcelles d'approvisionnement en produits villageois, zones d'agroforesterie. C'est sur l'importance et la nécessité de décisions politiques que ce sont clôturées ces journées. Car, malgré quelques manques, l'aménagement productif de nombreuses forêts humides est techniquement possible et économiquement viable. Il faut maintenant que des mesures soient prises ... et appliquées. FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture Via delle Terme di Caracalla 00100 - Rome - ITALIE UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture 7, Place de Fontenoy 75700 - Paris - FRANCE IUFRO : Union Internationale des Instituts de Recherches Forestières Forsliche Bundesversuchsanstalt Seckendorff - Fudent-Weg 8 A -1131 Wien, Schönbrunn - Tirolergarten Autriche CTFT : Centre Technique Forestier Tropical 45bis, av. de la Belle Gabrielle 94736 - Nogent-sur Marne – France

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1990
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59314
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Description
Summary:Un atelier de travail sur l'aménagement et la conservation de l'écosystème forestier tropical humide s'est tenu à Cayenne, en Guyane, du 12 au 16 mars dernier. A l'initiative de trois grandes organisations internationales, l'UNESCO, la FAO, et l'IUFRO, plus de 130 participants, venus de 35 pays, se sont réunis pour faire le bilan des méthodes actuellement disponibles pour freiner la destruction de cet écosystème tout en continuant à l'exploiter. Chaque année, 7,5 millions d'hectares de forêts denses humides disparaissent sous la pression conjuguée des exploitants forestiers et des agriculteurs en quête de terres. A ce rythme, si aucune mesure n'est prise, la moitié des forêts tropicales aura disparu à la fin du siècle, emportant avec elle un patrimoine génétique végétal et animal unique sur la planète. L'atelier de travail, organisé à Cayenne en mars dernier, avait pour objectif de faire le point sur les méthodes d'aménagement et de conservation des forêts, appliquées ou expérimentées aujourd'hui sur les trois continents. Une forêt qui a plus de cent espèces à l'hectare Les organisateurs avaient tenu à rassembler tous ceux que la forêt intéresse, que ce soit pour ses plantes, ses animaux, ses sols, son fonctionnement, ou ses habitants. Car, pour préserver le patrimoine que constituent ces forêts, il faut conserver leur très grande diversité. «Les forêts tropicales humides abritent plus de 60 % des espèces vivantes animales et végétales et 80 % des insectes» ont rappelé les fondamentalistes. Alors que les forêts tempérées ne portent que 10 à 15 espèces à l'hectare, les forêts tropicales en ont plus de cent ! Il ri est pas toujours facile de prendre en compte les exigences d'une aussi grande diversité d'éléments. La production de bois d'oeuvre, par exemple, s'accommode mal du maintien de cette diversité. «Nous devons favoriser la croissance des espèces de valeur en supprimant les arbres qui leur font concurrence» ont expliqué les exploitants. «Mais, de grâce» ont demandé les botanistes, «prenez des précautions ! En Guyane, chaque année depuis 20 ans, on trouve trois à quatre espèces nouvelles de plantes. C'est la même chose en Afrique». Vaste programme que de préserver la forêt dans toute sa richesse et sur d'immenses superficies. Les participants ont donc recensé leurs besoins. Des manques à combler et des efforts à faire Des forestiers bien formés, des financements tenant compte de l'ampleur de la tâche, des laboratoires de recherche en vraie grandeur, l'élaboration de cartes, ont été les principales demandes. Dans le domaine de la recherche, les «aménagistes» ont précisé les points sur lesquels porter leurs efforts dans les prochaines années : produire une plus grande qualité technologique du bois pour couper moins d'arbres, réaliser des économies de matière (la moitié de la production entre l'abattage et la transformation est encore perdue actuellement), mettre au point des techniques sylvicoles simples, claires et détaillées, ont été quelques uns des points abordés. «Nous devons aussi porter tous nos efforts sur la régénération, que nous connaissons mal et qui pourrait être une dynamique formidable pour freiner la destruction des forêts» ont insisté les ingénieurs du CTFT. La volonté politique d'une forêt à objectifs Les participants n'ont pas prétendu résoudre tous les problèmes au cours de ces quelques jours. La moitié des forêts tropicales défrichées à la fin du siècle, tous connaissaient le verdict de la FAO. Mais sur les 500 millions d'hectares restants, beaucoup de choses peuvent être faites. Délimiter des espaces chargés de remplir chacun des objectifs a semblé la solution la plus appropriée : forêts classées pour préserver la diversité génétique, production de bois d'oeuvre, parcelles d'approvisionnement en produits villageois, zones d'agroforesterie. C'est sur l'importance et la nécessité de décisions politiques que ce sont clôturées ces journées. Car, malgré quelques manques, l'aménagement productif de nombreuses forêts humides est techniquement possible et économiquement viable. Il faut maintenant que des mesures soient prises ... et appliquées. FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture Via delle Terme di Caracalla 00100 - Rome - ITALIE UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture 7, Place de Fontenoy 75700 - Paris - FRANCE IUFRO : Union Internationale des Instituts de Recherches Forestières Forsliche Bundesversuchsanstalt Seckendorff - Fudent-Weg 8 A -1131 Wien, Schönbrunn - Tirolergarten Autriche CTFT : Centre Technique Forestier Tropical 45bis, av. de la Belle Gabrielle 94736 - Nogent-sur Marne – France