PROCELOS : priorité aux céréales locales

Malgré de bons résultats de production, le Sahel poursuit ses importations de céréales au détriment de ses propres cultures. Sont tenus pour responsables de cet état de fait, 1abondance sur le mare hé international, à un prix relativement bas, des céréales produit es au Nord; l’irrégularité de la production céréalière des pays du Sud; les difficultés de transformation de ces céréales locales dans les pays en développement ; enfin, le surcroît de travail qu'impliquent les préparations à base de mil, maïs ou sorgho par rapport à la simple caisson du riz par exemple. La saison des pluies a été bonne au Sahel en l’988. La production céréalière enregistre un niveau jamais égalé, d'environ 9 2l’3 000t selon le CILSS (Comité Inter états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel), soit une augmentation de 3 % par rapport à la dernière récolte. Cependant, les importations de céréales ne semblent pas être appelées à diminuer l’0l’7 000 t de riz et de blé seront acheminées au Sahel cette année, qu'il s'agisse d'importations commerciales ou d'aide alimentaire programmée. La question de l’autosuffisance alimentaire au Sahel n'est donc pas liée à la seule pluviométrie. Intervient aussi comme élément, cette propension à consommer des céréales importées due à la qualité de leur approvisionnement, leur adaptation aux besoins des consommateurs d'aujourd'hui et à leur compétitivité. C'est pour tenter de résoudre ce problème que quatre-vingts représentants des pays Sahéliens (Burkinabé, Gambiens, Maliens et Sénégalais) se sont réunis à Thiès, au Sénégal en octobre l’988 à l'initiative du CILSS et du Club du Sahel en collaboration avec ENDA Tiers-Monde et le GRET (Groupe de Recherches et d’Etudes Techniques). Cette réunion a donné le coup d’envoi du programme de promotion des céréales locales au Sahel (PROCELOS). Proposer de nouveaux produits Ce programme est parti de deux constatations rassurantes : la première révèle que, selon des études récentes, les produits à base de céréales locales conservent une bonne réputation auprès des consommateurs sahéliens. Par ailleurs, les nouvelles habitudes consommation (principalement en ville) n'impliquent pas nécessairement le recours aux importations : de nouveaux produits peuvent être proposés à base de céréales locales. Cependant, ces vingt dernières années, le blé et le riz importés sont passés d'environ l’/8 à l’/4 de la consommation de céréales des pays sahéliens. Afin de pouvoir redresser cette tendance, diverses mesures doivent être prises : l’on peut, par exemple, adapter l’offre de céréales locales au goût du jour grâce à une stratégie de marketing appropriée tant pour les produits transformés traditionnels que pour les nouveaux produits. II est possible aussi d'inciter les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds á diffuser auprès des cantines et des collectivités des recettes et des plats nouveaux à base de produits locaux. L'encouragement de la fabrication de produits à base de farines composées (biscuits, farines infantiles, pain...) mérite d'être souligné comme une étape décisive dans le programme car les expérimentations faites au Sénégal sont très positives. Des mesures d’accompagnement Mais ces mesures ne sauraient suffire. Il’faut aussi s'assurer de la participation de tous les Etats sahéliens et de celle des agents de la filière céréalière. Aucune mesure ne peut être réellement efficace si l’on ne crée pas un environnement macro-économique favorable à la promotion des céréales locales. Pour ce faire, les pays donateurs doivent eux aussi intervenir en adoptant un «code de bonne conduite» des aides alimentaires : par exemple, si L´on parvient à instaurer des opérations (achat de céréales aux régions excédentaires pour aider les zones déficitaires), il est possible de limiter l’utilisation d'excédents céréaliers européens. Dans le domaine financier, un rôle important peut être joué aussi. Les artisans et les entrepreneurs seront attirés par la transformation ou le traitement des céréales locales si leur activité est facilitée par l’allégement et la clarification de la fiscalité et des procédures d’agrément. Quant aux bailleurs de fonds, c’est à eux que leur revient, par de nouveaux engagements, de soutenir les systèmes d'information sur les marchés céréaliers et de financer des campagnes promotionnelles de produits à base de céréales locales. Dans le domaine des équipements de transformation (minoteries, unités artisanales et semi industrielles, moulins...), les machines existent même si pour bon nombre d'entre elles, il est nécessaire de les adapter aux conditions d'utilisation. De nombreuses difficultés sont liées à la très grande diversité des matériels diffusés et aux disparités importantes entre régions. Le programme PROCELOS a recommandé que chaque pays uniformise son matériel afin de faciliter la maintenance et l'approvisionnement en pièces détachées. Pour les batteuses, moulins à grains et autres décortiqueurs, la fabrication locale est possible et largement souhaitable. Au Sénégal, des résultats appréciables ont été obtenus avec notamment la fabrication par des artisans de moulins à marteaux «bon marché et performants». Mangez a f ricain ! C'est L´ultime message que est ressorti de ces journées de rencontre pour établir le programme PROCELOS. Il’est encore temps de redresser la situation et pourvu que les recommandations de ce programme soient observées, l'objectif sera atteint. Pour toute information, contacter : Club du Sahel 37 bis, boulevard Suchet 750l’6 – Paris France

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1989
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/59026
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