Les femmes, au coeur des liens entre production agricole et diversité de la consommation alimentaire au Burkina Faso

Au sein des ménages agricoles africains, un niveau de production agricole plus élevé peut théoriquement améliorer la diversité de l'alimentation, via l'autoconsommation ou l'augmentation du revenu agricole. Or, dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest où le niveau de la production est relativement élevé, on observe malgré tout une faible diversité de la consommation alimentaire. Cette thèse permet d'expliciter et de mesurer les associations entre la diversité de la consommation alimentaire des mères de jeunes enfants et (i) la diversité de la production (ii) le revenu agricole et (iii) l'allocation de leur temps. Un échantillon représentatif de 580 exploitations de la région des Hauts-Bassins au Burkina Faso a été enquêté trois fois entre mai 2013 et janvier 2014. Les données collectées concernent les productions agricoles, les revenus agricoles et non-agricoles du chef d'exploitation et des mères ainsi que les emplois du temps des mères. La diversité agricole a été évaluée par différents indicateurs concernant les cultures, le nombre d'espèces d'arbres d'intérêt alimentaire présents sur les parcelles et l'élevage. A partir d'un rappel qualitatif de la consommation alimentaire des dernières 24H, nous avons calculé le score de diversité alimentaire des mères (SDA) en suivant les recommandations internationales récentes (nombre de groupes alimentaires consommés sur 10). Ce score est faible (3.4 en moyenne, ± 1.3) et ne varie pas au cours de l'année. Néanmoins, les groupes alimentaires le composant changent. Les résultats des estimations des modèles mixtes sur données répétées montrent que le SDA des mères n'était associé qu'à un seul indicateur de diversité de production, celui basé sur les mêmes groupes de produits que le SDA. Il était également positivement lié au nombre d'espèces d'arbres sur les parcelles familiale s et celles de la mère. Le revenu monétaire agricole des exploitations n'était que faiblement associé à une meilleure diversité alimentaire toute l'année, tandis que les revenus monétaires des mères (revenu non-agricole et transferts) l'étaient plus nettement. Enfin, la diversité alimentaire des mères était négativement lié e à leur temps passé aux activités agricoles non-rémunéré es sur l'exploitation familiale (en août 2013), et positivement liée au temps dédié à leurs activités génératrices de revenu. Dans ce milieu rural, les ressources des mères – y compris les droits d'accès aux ressources naturelles, la possibilité de gagner et de dépenser de l'argent et d'avoir du temps pour soi et ses enfants – semblent être de meilleurs leviers pour la qualité de leur alimentation et celle de leurs enfants que le niveau des productions agricoles de l'exploitation.

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Bibliographic Details
Main Author: Lourme Ruiz, Alissia
Format: thesis biblioteca
Language:fre
Published: Montpellier SupAgro
Subjects:S01 - Nutrition humaine - Considérations générales, E50 - Sociologie rurale, E80 - Économie familiale et artisanale, 000 - Autres thèmes, alimentation humaine, alimentation de l'enfant, régime alimentaire, femme, travail, revenu complémentaire, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_15615, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_1545, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_2261, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_8420, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_4128, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_5208, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_8081,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/588047/
http://agritrop.cirad.fr/588047/1/These%20Alissia%20Lourme-Ruiz%202017.pdf
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Description
Summary:Au sein des ménages agricoles africains, un niveau de production agricole plus élevé peut théoriquement améliorer la diversité de l'alimentation, via l'autoconsommation ou l'augmentation du revenu agricole. Or, dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest où le niveau de la production est relativement élevé, on observe malgré tout une faible diversité de la consommation alimentaire. Cette thèse permet d'expliciter et de mesurer les associations entre la diversité de la consommation alimentaire des mères de jeunes enfants et (i) la diversité de la production (ii) le revenu agricole et (iii) l'allocation de leur temps. Un échantillon représentatif de 580 exploitations de la région des Hauts-Bassins au Burkina Faso a été enquêté trois fois entre mai 2013 et janvier 2014. Les données collectées concernent les productions agricoles, les revenus agricoles et non-agricoles du chef d'exploitation et des mères ainsi que les emplois du temps des mères. La diversité agricole a été évaluée par différents indicateurs concernant les cultures, le nombre d'espèces d'arbres d'intérêt alimentaire présents sur les parcelles et l'élevage. A partir d'un rappel qualitatif de la consommation alimentaire des dernières 24H, nous avons calculé le score de diversité alimentaire des mères (SDA) en suivant les recommandations internationales récentes (nombre de groupes alimentaires consommés sur 10). Ce score est faible (3.4 en moyenne, ± 1.3) et ne varie pas au cours de l'année. Néanmoins, les groupes alimentaires le composant changent. Les résultats des estimations des modèles mixtes sur données répétées montrent que le SDA des mères n'était associé qu'à un seul indicateur de diversité de production, celui basé sur les mêmes groupes de produits que le SDA. Il était également positivement lié au nombre d'espèces d'arbres sur les parcelles familiale s et celles de la mère. Le revenu monétaire agricole des exploitations n'était que faiblement associé à une meilleure diversité alimentaire toute l'année, tandis que les revenus monétaires des mères (revenu non-agricole et transferts) l'étaient plus nettement. Enfin, la diversité alimentaire des mères était négativement lié e à leur temps passé aux activités agricoles non-rémunéré es sur l'exploitation familiale (en août 2013), et positivement liée au temps dédié à leurs activités génératrices de revenu. Dans ce milieu rural, les ressources des mères – y compris les droits d'accès aux ressources naturelles, la possibilité de gagner et de dépenser de l'argent et d'avoir du temps pour soi et ses enfants – semblent être de meilleurs leviers pour la qualité de leur alimentation et celle de leurs enfants que le niveau des productions agricoles de l'exploitation.