Petit épeautre de Haute-Provence : quand l'IGP est le pivot d'un système associant différents signes de qualité

Le petit épeautre T. monococcum est une céréale ancienne et rustique qui a des caractéristiques agronomiques, technologiques et nutritionnelles particulières. Au début des années 80, il a presque disparu de France, où seuls quelques hectares sont cultivés en Haute Provence. Aujourd'hui, près de 60 producteurs cultivent 220 ha en double certification agriculture biologique et IGP " Petit épeautre de Hante Provence " (PEHP), tout en bénéficiant de deux " labels " privés : " BioSolidaire " et " Sentinelle Slow Food ". La relance du PE semble assurée, d'autant qu'une production non labellisée (ou seulement certifiée bio) s'est développée dans plusieurs régions. On retrace dans cette communication l'histoire des relances du PE, particulièrement celle qui a abouti à l'IGP, et on analyse l'incidence de la multiplicité des signes de qualité. Dans les années 80, un premier projet de relance, centralisé et a échelle industrielle, a déçu les espoirs des agriculteurs faute de débouchés. En réaction et pour valoriser à la fois la ressource génétique (T. monococcum, souvent confondu avec d'autres " épeautres "), le mode de production et le milieu, des agriculteurs ont lancé une action collective axée sur la qualité. Elle aboutit à la définition d'un cahier des charges exigeant (" plus bio que bio "), à la délimitation d'une zone où doivent être réalisée toutes les étapes de la production, puis à l'obtention d'une CCP (2005) et d'une IGP (2009). Ce processus et ses résultats facilitent eux-mêmes la reconnaissance du PEHP comme " Sentinelle Slow Food ", puis comme filière " BioSolidaire ". Ces éléments significatifs de reconnaissance ont été d'autant plus faciles à obtenir que préexistaient la structuration collective et les éléments constitutifs de l'IGP : cahier des charges, délimitation, contrôle... Ces " labels " s'articulent donc sur la définition et l'organisation porteuse de l'IGP, qui apparaît ainsi comme le signe de qualité pivot. Cela n'a été possible que parce que l'IGP a été conçue avec rigueur et exigence, plutôt que comme une simple indication de provenance. Pourtant la spécificité du produit liée au lieu a été jusqu'ici peu explorée et mobilisée. Face à la concurrence d'autres régions, il y a là une ressource pour garantir la durabilité et le développement de la filière et poursuivre dans la voie de ce défi étonnant : valoriser des sols ingrats, dans une région difficile, avec une ressource génétique qui n'a pas été améliorée depuis des milliers d'années.

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Bibliographic Details
Main Authors: Chabrol, Didier, Bassene, Jean Baptiste, Fournier, Stéphane
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: s.n.
Subjects:E21 - Agro-industrie, E70 - Commerce, commercialisation et distribution, Q04 - Composition des produits alimentaires, Q02 - Traitement et conservation des produits alimentaires, E73 - Économie de la consommation,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/572336/
http://agritrop.cirad.fr/572336/1/document_572336.pdf
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Description
Summary:Le petit épeautre T. monococcum est une céréale ancienne et rustique qui a des caractéristiques agronomiques, technologiques et nutritionnelles particulières. Au début des années 80, il a presque disparu de France, où seuls quelques hectares sont cultivés en Haute Provence. Aujourd'hui, près de 60 producteurs cultivent 220 ha en double certification agriculture biologique et IGP " Petit épeautre de Hante Provence " (PEHP), tout en bénéficiant de deux " labels " privés : " BioSolidaire " et " Sentinelle Slow Food ". La relance du PE semble assurée, d'autant qu'une production non labellisée (ou seulement certifiée bio) s'est développée dans plusieurs régions. On retrace dans cette communication l'histoire des relances du PE, particulièrement celle qui a abouti à l'IGP, et on analyse l'incidence de la multiplicité des signes de qualité. Dans les années 80, un premier projet de relance, centralisé et a échelle industrielle, a déçu les espoirs des agriculteurs faute de débouchés. En réaction et pour valoriser à la fois la ressource génétique (T. monococcum, souvent confondu avec d'autres " épeautres "), le mode de production et le milieu, des agriculteurs ont lancé une action collective axée sur la qualité. Elle aboutit à la définition d'un cahier des charges exigeant (" plus bio que bio "), à la délimitation d'une zone où doivent être réalisée toutes les étapes de la production, puis à l'obtention d'une CCP (2005) et d'une IGP (2009). Ce processus et ses résultats facilitent eux-mêmes la reconnaissance du PEHP comme " Sentinelle Slow Food ", puis comme filière " BioSolidaire ". Ces éléments significatifs de reconnaissance ont été d'autant plus faciles à obtenir que préexistaient la structuration collective et les éléments constitutifs de l'IGP : cahier des charges, délimitation, contrôle... Ces " labels " s'articulent donc sur la définition et l'organisation porteuse de l'IGP, qui apparaît ainsi comme le signe de qualité pivot. Cela n'a été possible que parce que l'IGP a été conçue avec rigueur et exigence, plutôt que comme une simple indication de provenance. Pourtant la spécificité du produit liée au lieu a été jusqu'ici peu explorée et mobilisée. Face à la concurrence d'autres régions, il y a là une ressource pour garantir la durabilité et le développement de la filière et poursuivre dans la voie de ce défi étonnant : valoriser des sols ingrats, dans une région difficile, avec une ressource génétique qui n'a pas été améliorée depuis des milliers d'années.