Atout et limites de l'aménagement des petites plaines alluviales dans le cadre d'une stratégie d'augmentation et sécurisation de la production agricole : cas du Cercle de Sikasso Mali

Depuis la grande sécheresse des années 1970, la valorisation agricole des ressources en eau des bas-fonds et des petites plaines alluviales par leur aménagement a été considérée comme une solution décentralisée permettant de contribuer à la sécurité alimentaire et de pondérer les aléas dus au changement climatique. Dans le seul cercle de Sikasso, plus de 80 sites ont été aménagés au cours de ces 30 dernières années (Source enquête DRGR Sikasso 2009); Ils constituent en cela une source de capitalisation d'expérience qui a été mise à profit pour évaluer la contribution des aménagements à l'augmentation et la sécurisation de la production agricole. Cette évaluation a été réalisée dans le cadre d'un diagnostic régional (projet RAP AfricaRice financement FSTP/UE ) qui, adossé sur une typologie, visait non seulement à caractériser des situations - types, mais également à identifier et hiérarchiser les diverses atouts et contraintes à l'intensification. Elle a été faite sur la base des informations recueillies lors d'une enquête multi - disciplinaire, de type focus-group, menée sur 37 sites, dont 17 aménagés. Les quatre principaux thèmes abordés dans le cadre de cette enquête ont concerné (i) les relations entre spécificités techniques des aménagements et caractéristiques biophysiques des sites (ii) l'impact des aménagements sur les performances de la mise en valeur agricole (iii) les interactions entre état des ouvrages, mode de gestion, maîtrise de l'eau et les performances de la mise en valeur agricole et (iv) la perception des acteurs de l'impact socio-économique des aménagements (aspects fonciers, genre, capacité d'investissement des agriculteurs). L'étude, qui confirme la fonctionnalité de la plupart des aménagements malgré leur état (2/3 considérés comme dégradés), en montre néanmoins les limites. L'amélioration potentielle de la maîtrise de l'eau ne s'est traduite ni par des rendements plus élevés, ni par des pratiques culturales et d'irrigation plus intensives : ils sont, de l'avis des producteurs, identiques à ceux des sites non aménagés. L'étude montre que ces limites ont des conséquences différentes suivant la vocation de l'aménagement. Les aménagements permettant de développer les cultures de contre saison, en accroissant les surfaces sur lesquelles il est possible d'irriguer à partir de la nappe, contribuent effectivement à valoriser les ressources en eau. Leur impact socio-économique, à mettre en relation avec les fortes marges qu'ils permettent, est illustré par l'augmentation de la capacité individuelle d'investissement touche plus de 90% des bénéficiaires. Plus que l'aspect technique, c'est la capacité de commercialisation des producteurs qui semble le point critique. Dans un contexte de changement climatique, la construction de cascades de seuils le long d'un même cours d'eau, tel que réalisé à Bamadougou, devrait pouvoir pondérer l'impact des risques accrus de déficit pluviométrique sur la dynamique de la nappe. A contrario pour les aménagements dont la valorisation est uniquement rizicole, le fait que l'augmentation de la capacité individuelle et collective d'investissement qu'ils engendrent soit significativement plus faible amène à s'interroger sur leur réel impact, mais aussi sur les conditions d'intensification de la riziculture qu'ils pourraient permettre dans un contexte de changement climatique où les risques liés à des épisodes secs ou d'excès d'eau devraient s'accentuer.

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Bibliographic Details
Main Authors: Simpara, Mamadou Bassi, Kouyate, Amadou Malé, Diaw, Boubacar, Lidon, Bruno, Fusillier, Jean-Louis, Djagba, Justin Fagnombo, Huat, Joël
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: CIID
Subjects:E14 - Économie et politique du développement, P10 - Ressources en eau et leur gestion, F06 - Irrigation,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/564052/
http://agritrop.cirad.fr/564052/1/document_564052.pdf
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Description
Summary:Depuis la grande sécheresse des années 1970, la valorisation agricole des ressources en eau des bas-fonds et des petites plaines alluviales par leur aménagement a été considérée comme une solution décentralisée permettant de contribuer à la sécurité alimentaire et de pondérer les aléas dus au changement climatique. Dans le seul cercle de Sikasso, plus de 80 sites ont été aménagés au cours de ces 30 dernières années (Source enquête DRGR Sikasso 2009); Ils constituent en cela une source de capitalisation d'expérience qui a été mise à profit pour évaluer la contribution des aménagements à l'augmentation et la sécurisation de la production agricole. Cette évaluation a été réalisée dans le cadre d'un diagnostic régional (projet RAP AfricaRice financement FSTP/UE ) qui, adossé sur une typologie, visait non seulement à caractériser des situations - types, mais également à identifier et hiérarchiser les diverses atouts et contraintes à l'intensification. Elle a été faite sur la base des informations recueillies lors d'une enquête multi - disciplinaire, de type focus-group, menée sur 37 sites, dont 17 aménagés. Les quatre principaux thèmes abordés dans le cadre de cette enquête ont concerné (i) les relations entre spécificités techniques des aménagements et caractéristiques biophysiques des sites (ii) l'impact des aménagements sur les performances de la mise en valeur agricole (iii) les interactions entre état des ouvrages, mode de gestion, maîtrise de l'eau et les performances de la mise en valeur agricole et (iv) la perception des acteurs de l'impact socio-économique des aménagements (aspects fonciers, genre, capacité d'investissement des agriculteurs). L'étude, qui confirme la fonctionnalité de la plupart des aménagements malgré leur état (2/3 considérés comme dégradés), en montre néanmoins les limites. L'amélioration potentielle de la maîtrise de l'eau ne s'est traduite ni par des rendements plus élevés, ni par des pratiques culturales et d'irrigation plus intensives : ils sont, de l'avis des producteurs, identiques à ceux des sites non aménagés. L'étude montre que ces limites ont des conséquences différentes suivant la vocation de l'aménagement. Les aménagements permettant de développer les cultures de contre saison, en accroissant les surfaces sur lesquelles il est possible d'irriguer à partir de la nappe, contribuent effectivement à valoriser les ressources en eau. Leur impact socio-économique, à mettre en relation avec les fortes marges qu'ils permettent, est illustré par l'augmentation de la capacité individuelle d'investissement touche plus de 90% des bénéficiaires. Plus que l'aspect technique, c'est la capacité de commercialisation des producteurs qui semble le point critique. Dans un contexte de changement climatique, la construction de cascades de seuils le long d'un même cours d'eau, tel que réalisé à Bamadougou, devrait pouvoir pondérer l'impact des risques accrus de déficit pluviométrique sur la dynamique de la nappe. A contrario pour les aménagements dont la valorisation est uniquement rizicole, le fait que l'augmentation de la capacité individuelle et collective d'investissement qu'ils engendrent soit significativement plus faible amène à s'interroger sur leur réel impact, mais aussi sur les conditions d'intensification de la riziculture qu'ils pourraient permettre dans un contexte de changement climatique où les risques liés à des épisodes secs ou d'excès d'eau devraient s'accentuer.