Entre marginalisation et démagogie : quelle place reste-t-il pour les communautés locales dans les aires protégées?

Depuis quelques années deux visions de la conservation de la biodiversité s'affrontent dans les débats internationaux et influencent les agendas politiques des décideurs. D'un côté, les "préservationnistes" prônent une protection forte des derniers lieux importants de la planète en termes de biodiversité. De l'autre, les "dévolutionistes" tentent d'attribuer un rôle clé aux communautés locales dans l'élaboration des stratégies de conservation et la gestion des aires protégées. Au-delà de ces discours, la réalité de terrain montre que les politiques de conservation font encore largement abstraction de la présence et des droits des communautés. Le concept même de conservation - bien public mondial à protéger - est imposé par la communauté internationale au détriment de toute implication des populations qui sont pourtant les premières touchées par les décisions. Dans cet article, nous montrons que les stratégies de conservation pourraient mieux prendre en compte les droits fonciers et d'usage des populations rurales, le respect des territoires sur lesquels elles vivent, et la reconnaissance de leur rôle dans la protection de ces espaces. Un équilibre est-il possible entre communautés locales et acteurs "forts" (états, ONG internationales, privés) quant aux prises de décision ? Faut-il partir des priorités des populations locales, de leur propre conception de ce qu'est une aire protégée, pour créer les zones de conservations et prendre des décisions à leur sujet ? À travers un certain nombre d'exemples pris en Asie-Pacifique (Papouasie Occidentale, Vietnam) et en Afrique (Gabon, Congo), nous montrons que la conservation de la biodiversité, même si elle est un problème global de la planète, reste d'abord une multitude de situations à gérer au cas par cas. Chaque exemple démontre que la solution est bien locale et ne peut faire l'économie de l'intégration dans ce processus des populations qui sont ou pourraient être, si les conditions de démocratie et de transparence sont réunies, un des meilleurs garants d'un usage durable des ressources naturelles.

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Main Authors: Boissière, Manuel, Doumenge, Charles
Format: article biblioteca
Language:fre
Subjects:P01 - Conservation de la nature et ressources foncières, E11 - Économie et politique foncières, gestion des ressources naturelles, communauté rurale, zone protégée, droit foncier, étude de cas, politique de l'environnement, conservation des ressources, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_9000115, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6700, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_37952, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_37898, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_24392, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_2597, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_6523, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_3161, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_5555, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_1811, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_8227,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/549631/
http://agritrop.cirad.fr/549631/1/document_549631.pdf
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Summary:Depuis quelques années deux visions de la conservation de la biodiversité s'affrontent dans les débats internationaux et influencent les agendas politiques des décideurs. D'un côté, les "préservationnistes" prônent une protection forte des derniers lieux importants de la planète en termes de biodiversité. De l'autre, les "dévolutionistes" tentent d'attribuer un rôle clé aux communautés locales dans l'élaboration des stratégies de conservation et la gestion des aires protégées. Au-delà de ces discours, la réalité de terrain montre que les politiques de conservation font encore largement abstraction de la présence et des droits des communautés. Le concept même de conservation - bien public mondial à protéger - est imposé par la communauté internationale au détriment de toute implication des populations qui sont pourtant les premières touchées par les décisions. Dans cet article, nous montrons que les stratégies de conservation pourraient mieux prendre en compte les droits fonciers et d'usage des populations rurales, le respect des territoires sur lesquels elles vivent, et la reconnaissance de leur rôle dans la protection de ces espaces. Un équilibre est-il possible entre communautés locales et acteurs "forts" (états, ONG internationales, privés) quant aux prises de décision ? Faut-il partir des priorités des populations locales, de leur propre conception de ce qu'est une aire protégée, pour créer les zones de conservations et prendre des décisions à leur sujet ? À travers un certain nombre d'exemples pris en Asie-Pacifique (Papouasie Occidentale, Vietnam) et en Afrique (Gabon, Congo), nous montrons que la conservation de la biodiversité, même si elle est un problème global de la planète, reste d'abord une multitude de situations à gérer au cas par cas. Chaque exemple démontre que la solution est bien locale et ne peut faire l'économie de l'intégration dans ce processus des populations qui sont ou pourraient être, si les conditions de démocratie et de transparence sont réunies, un des meilleurs garants d'un usage durable des ressources naturelles.