Politique de l'autochonie : accès aux ressources et polirasition des champs politiques locaux en Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est un territoire français du Pacifique engagé dans un processus de décolonisation. Pour accompagner ce processus et mettre fin aux affrontements intercommunautaires des années 1980 entre les populations kanakes autochtones (44% de la population) qui réclament majoritairement l'indépendance et leurs opposants, l'Etat français a mis en oeuvre une politique de partage du pouvoir local et un programme de rééquilibrage économique au profit des populations kanakes. Les réformes foncières constituent l'un des principaux leviers de ce rééquilibrage. Entre 1978 - date à laquelle sont engagées les premières opérations de réformes agraires - et la fin des années 1990 plus de 100000ha de terres ont été rétrocédées aux populations kanakes spoliées sous la colonisation par les colons européens. A l'instar d'autres régions du monde, les débats autour de la question foncière en Nouvelle-Calédonie ont opposé les tenants d'une approche moderniste revendiquant les bienfaits d'une politique de sécurisation foncière qui favorisent le productivisme agricole ou le développement d'activités économiques, et les partisans d'une approche que l'on qualifiera de "communautaristes", revendiquant le bien fondé d'usages et de modes d'action "endogènes" et se présentant comme les défenseurs de la culture. Entre ces deux pôles, les actions et réflexions engagées par l'Agence de Développement Rural et d'Aménagement Foncer (ADRAF) - en charge de la réforme foncière - prennent en compte les registres pluriels de l'action collective et s'efforcent de rendre compte d'un "pluralisme" conçu comme l'hybridation des pratiques relevant de chacun de ces pôles. Alors même que le débat sur le foncier agricole tend à s'apaiser, de nouvelles tensions intra et intercommunautaires apparaissent, qui mobilisent un registre de revendication fondé sur les droits liés à l'autochtonie. Ces revendications prennent à la fois la forme d'une prise de position des kanaks au sein dans l'espace national, avec la reconnaissance des Kanaks par I'Etat français comme "peuple autochtone" en 1999; elles ont aussi une déclinaison micro-locale qui se traduit notamment par la revendication et la captation des ressources - notamment minières - par des groupes sociaux, au nom de l'autochtonie. Nous voudrions dans cette communication explorer les conséquences de ce débat sur l'autochtonie, dans son expression actuelle du point de vue de la gestion des ressources naturelles. A travers l'étude de conflits fonciers localisés, notamment autour de bassins miniers, nous proposerons également une analyse des modalités au travers desquelles se définissent de nouvelles identités politiques.

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Bibliographic Details
Main Author: Djama, Marcel
Format: conference_item biblioteca
Language:fre
Published: s.n.
Subjects:E10 - Économie et politique agricoles, P01 - Conservation de la nature et ressources foncières, E11 - Économie et politique foncières,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/545493/
http://agritrop.cirad.fr/545493/1/document_545493.pdf
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Description
Summary:La Nouvelle-Calédonie est un territoire français du Pacifique engagé dans un processus de décolonisation. Pour accompagner ce processus et mettre fin aux affrontements intercommunautaires des années 1980 entre les populations kanakes autochtones (44% de la population) qui réclament majoritairement l'indépendance et leurs opposants, l'Etat français a mis en oeuvre une politique de partage du pouvoir local et un programme de rééquilibrage économique au profit des populations kanakes. Les réformes foncières constituent l'un des principaux leviers de ce rééquilibrage. Entre 1978 - date à laquelle sont engagées les premières opérations de réformes agraires - et la fin des années 1990 plus de 100000ha de terres ont été rétrocédées aux populations kanakes spoliées sous la colonisation par les colons européens. A l'instar d'autres régions du monde, les débats autour de la question foncière en Nouvelle-Calédonie ont opposé les tenants d'une approche moderniste revendiquant les bienfaits d'une politique de sécurisation foncière qui favorisent le productivisme agricole ou le développement d'activités économiques, et les partisans d'une approche que l'on qualifiera de "communautaristes", revendiquant le bien fondé d'usages et de modes d'action "endogènes" et se présentant comme les défenseurs de la culture. Entre ces deux pôles, les actions et réflexions engagées par l'Agence de Développement Rural et d'Aménagement Foncer (ADRAF) - en charge de la réforme foncière - prennent en compte les registres pluriels de l'action collective et s'efforcent de rendre compte d'un "pluralisme" conçu comme l'hybridation des pratiques relevant de chacun de ces pôles. Alors même que le débat sur le foncier agricole tend à s'apaiser, de nouvelles tensions intra et intercommunautaires apparaissent, qui mobilisent un registre de revendication fondé sur les droits liés à l'autochtonie. Ces revendications prennent à la fois la forme d'une prise de position des kanaks au sein dans l'espace national, avec la reconnaissance des Kanaks par I'Etat français comme "peuple autochtone" en 1999; elles ont aussi une déclinaison micro-locale qui se traduit notamment par la revendication et la captation des ressources - notamment minières - par des groupes sociaux, au nom de l'autochtonie. Nous voudrions dans cette communication explorer les conséquences de ce débat sur l'autochtonie, dans son expression actuelle du point de vue de la gestion des ressources naturelles. A travers l'étude de conflits fonciers localisés, notamment autour de bassins miniers, nous proposerons également une analyse des modalités au travers desquelles se définissent de nouvelles identités politiques.