Influence des facteurs sociaux sur l'organisation de l'agrobiodiversité dans un milieu semi-aride du Kenya
Aujourd'hui, près d'un tiers de la population mondiale dépend des zones arides pour son alimentation. La compréhension des facteurs d'organisation de l'agrobiodiversité dans ces zones est un enjeu majeur pour la conservation et l'amélioration des systèmes agricoles. Parmi les facteurs d'organisation, les facteurs sociaux ont été peu étudiés. L'influence des facteurs sociaux sur l'organisation de l'agrobiodiversité a été abordée dans cette étude à travers l'exemple des Tharaka, une communauté d'agriculteurs qui exploitent les plaines semi-arides à l'Est du Mont Kenya. Les espèces et les variétés de sorgho cultivées par 95 agriculteurs ont été inventoriées. Les Tharaka présentent une organisation sociale en groupes de voisinages (ntora), en clans et en classes d'âge. L'effet de ces facteurs sociaux sur le nombre moyen d'espèces cultivées et de variétés de sorgho par foyer a été testé par une analyse de variance (ANOVA). La différenciation des portefeuilles variétaux et spécifiques entre groupes sociaux a ensuite été vérifiée par une analyse inter classes sur tableau de distance suivie d'un test de Monte-Carlo. L'appartenance des agriculteurs à des clans et à des classes d'âge n'est pas un facteur significatif d'organisation de la diversité. En revanche, les groupes de voisinage sont des facteurs d'organisation significatifs, tant au niveau intra qu'interspécifique. L'autoproduction des semences est généralisée sur la zone d'étude et les barrières sociales entre groupes de voisinage limitent les échanges de semences. Les variétés sont donc sélectionnées, reproduites et préférentiellement échangées à ce niveau. Ces travaux soulignent l'intérêt d'approfondir l'étude des facteurs sociaux d'organisation de l'agrobiodiversité, en décrivant le lien entre l'organisation sociale des communautés et les systèmes d'échanges de semences.