Prise en compte des savoirs paysans dans un programme de sélection
Les variétés améliorées de mil et de sorgho ont, jusqu'à présent, été peu appréciées par les paysans du Mali. On pense que l'implication des paysans n'a pas été suffisante dans la définition des objectifs de sélection et dans la création de nouvelles variétés. La sélection participative devrait corriger ce problème et permettre de créer des variétés mieux adaptées aux besoins des paysans. Pour définir quelles variétés pourraient correspondre aux besoins des paysans on doit non seulement réaliser dès enquêtes mais aussi étudier les variétés traditionnelles qui sont en général très bien adaptées à l'environnement (saison des pluies et fertilité des sols). Certains chercheurs ont proposés de créer des variétés qui seraient mieux adaptés aux sols très pauvres que l'on trouve au Mali. En réalité cet objectif est difficile à réaliser car les variétés locales sont déjà très bonnes sur cet aspect et peuvent produire dans des conditions ou les variétés modernes n'en seraient pas capables. En revanche, si le sol est fertile les variétés locales produisent plus de pailles de grains. En raison des apports d'engrais qui sont devenus fréquents dans la zone cotonnière les sols sont devenus plus fertiles et les paysans demandent des variétés capables de produire plus sur ces sols fertiles. En écoutant les paysans comme les chercheurs le thème principal pour améliorer les variétés a été la création de variétés précoces. Les variétés précoces devaient surtout permettre de produire même en condition de sécheresse. C'est pourquoi un programme de sélection participative a tenté de diffuser des variétés précoces de mil vers Bougouni et Kadiolo. Après 3 ans de tests, aucune variété améliorée ne s'est montrée meilleure que celles des paysans. Nous avons tenté de comprendre les causes de cet échec par de nouvelles enquêtes et l'étude des variétés locales des villages impliqués dans ce travail. Dans les nouvelles enquêtes, les paysans ont de nouveau identifié l'irrégularité des pluies comme leur principale contrainte à la culture du mil. II nous a semblé que le problème provenait de l'interprétation de ces mots. On a pensé que la principale crainte des paysans était la sécheresse et que des variétés précoces allait permettre de résoudre le problème. En réalité quand le paysan parle de l'irrégularité des pluies il s'agit de la très grande variabilité des pluies une année sur l'autre. Il arrive que le semis soit possible dès le 15 mai où doit être retardé après le 15 juillet. Si la pluie arrive en mai ou en juin, les variétés précoces de mil produisent mal car elles fleurissent trop tôt, les oiseaux dévorent le grain et les épis restant sont noircit par la moisissure. Les variétés locales sont capables de tenir compte de cette incertitude. La plupart des mils cultivés dans le sud du Mali ont la particularité de "s'attendre pour fleurir" (u be nyogon kono). Elles rallongent leur cycle si elles sont semées tôt et le raccourcisse en cas de retard de semis. Ce caractère assure une bonne production du grain chaque année. Les variétés modernes ne sont pas capables de "s'attendre pour fleurir", elles sont inadaptées à l'environnement. Nous proposons de baser les programmes de créations variétales sur les variétés locales et surtout d'essayer de garder leur adaptation à l'environnement.
Main Authors: | , , , , , , , , , |
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Format: | conference_item biblioteca |
Language: | fre |
Published: |
CIRAD
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Subjects: | F30 - Génétique et amélioration des plantes, E50 - Sociologie rurale, |
Online Access: | http://agritrop.cirad.fr/539907/ http://agritrop.cirad.fr/539907/1/document_539907.pdf |
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