Suspensions cellulaires embryogènes de bananiers et bananiers plantain
La technique des SCE n'est pas encore opérationnelle comme méthode de micropropagation de masse malgré l'important potentiel de régénération qu'elle permet. La principale raison est l'incidence plus élevée de variation somaclonale observée avec les techniques d'embryogenèse somatique comparativement à celle observée avec la technique classique de multiplication d'apex. Les SCE sont toutefois d'ores et déjà utilisées pour la transformation génétique ou la fusion de protoplastes de bananiers. Les plantes régénérées à partir d'une SCE sont souvent issues d'une cellule unique. Ceci permet d'éviter, dans le cas des plantes transformées, le problème des plantes chimériques, (plantes comprenant des cellules génétiquement modifiées et des cellules non transformées) qui survient lorsque des méristèmes sont utilisés comme matériel de départ pour la transformation. Quatre méthodes d'embryogenèse somatique ont été testées chez le bananier. Chacune utilise un type d'explant différent: des embryons zygotiques (Cronauer et Krikorian 1988, Escalant et Teisson 1989), des tranches de rhizome et des gaines de feuilles (Novak et al. 1989), des fleurs mâles/femelles immatures (Ma 1991, Escalant et al. 1994, Grapin et al. 1996, Grapin et al. 1998) et des cultures de méristèmes proliférantes (scalps) (Dhed'a et al. 1991, Schoofs 1997). Le plus souvent, les SCE sont initiées à partir de fleurs mâles immatures ou de scalps. Une percée majeure en matière d'embryogenèse somatique des bananiers, qui a d'ailleurs inspiré de nombreuses études, revient au professeur Ma de l'Université de Taiwan qui a mis au point le milieu de culture et la méthodologie pour obtenir des SCE à partir de fleurs mâles (Ma 1991). Les premières étapes, jusqu'à la formation du cal embryogène, ont été décrites par Escalant et al. (1994). Par ailleurs, Grapin et al. (1996) et Côte et al. (1996) décrivent l'initiation et la maintenance des suspensions cellulaires ainsi que les étapes de régénération. La méthode de Ma a également été utilisée avec des fleurs immatures femelles pour les cultivars ne produisant pas de fleurs mâles (Grapin et al. 2000). La méthode des scalps utilisée à la Katholieke Universiteit Leuven (KULeuven) repose sur des cultures hautement proliférantes initiées à partir d'apex. Cette méthode a été décrite pour la première fois par Dhed'a (1992) et optimisée par Schoofs (1997). Dans ce guide technique, seules les méthodes des fleurs mâles immatures et des scalps sont décrites car elles s'appuient sur de nombreuses publications et ont été reproduites dans plusieurs laboratoires. Ils sont suivis par des sections expliquant les critères utilisés pour évaluer la qualité d'une suspension embryogène et les difficultés et limites de développement de l'embryogenèse somatique chez les bananiers.