Questions-Réponses : NTIC et l’industrie de pêche post-récolte

Comment sont utilisées les NTIC pour soutenir les activités de pêche post-récoltes ? Venu Pidachy explique comment la société ougandaise Marine Products Ltd, exportatrice de la perche du Nil, utilise des méthodes conçues initialement pour conserver des aliments dans l’espace afin de répondre aux règlements internationaux pour la sécurité et la qualité alimentaires. Quelle est la stratégie sur laquelle l’industrie de pêche post-récolte se concentre ? Comme pour les autres branches du secteur alimentaire, l’avenir de l’industrie de pêche post-récolte dépend de sa capacité à fournir des produits qui soit à la fois sûrs et répondent aux exigences croissantes des consommateurs en matière de qualité. En tant qu'exportateurs de poissons, nous avons un travail particulièrement difficile, car les poissons sont extrêmement sensibles à la contamination. Ils sont exposés à une multitude de risques, allant des pathogènes et des allergènes aux métaux lourds, aux parasites et aux toxines. Les risques pour la santé des consommateurs de poissons sont ainsi très nombreux. Les poissons sont en outre très périssables et notam-ment dans les climats chauds, des pertes de qualité significatives peuvent se produire peu après la capture des poissons. Ainsi, un mécanisme de contrôle s’impose qui prend en compte ces deux facteurs tout au long de la chaîne d’approvisionnement du traitement du poisson, depuis le moment où ils sont capturés jusqu'à l’expédition des produits finis. Notre usine de transformation de poisson en Ouganda est l’une des premières usines en Afrique de l’Ouest qui a mis en &oelig;uvre un mécanisme de contrôle aussi performant. Elle a mis en place un système d’analyse des risques et des points critiques pour leur maîtrise (HACCP) qui est fondé sur les procédures opérationnelles standard et sur des pratiques de bonne fabrication. La méthode HACCP remonte aux années 1960 lorsque la NASA avait besoin d’une méthode infaillible pour prévenir les bactéries et les toxines pouvant provoquer des maladies et se trouvant dans les aliments consommés pendant les missions dans l’espace. Depuis les années 1990, l’industrie alimentaire a adopté cette méthode pour pouvoir répondre aux règlements internationaux en vigueur pour la sécurité et l’hygiène alimentaires, dont les principaux sont les directives du Conseil européen 91/493/CEE et 98/83/CEE qui définissent les exigences pour la manutention et la commercialisation des produits à base de poissons destinés à l’UE. La méthode HACCP est avant tout un outil de gestion qui permet de contrôler tout le processus de la préparation des aliments. Il vise à prévenir les problèmes de sécurité alimentaire plutôt qu'à les identifier après leur manifestation. Dans ce système, des inspections alimentaires sont effectuées à chaque niveau de la chaîne d’approvisionnement, à savoir au stade de la capture, du débarquement, de la transformation et de la commercialisation. Ces inspections impliquent tous les acteurs de l’industrie de la pêche allant des pêcheurs artisans et des ouvriers employés dans les usines de transformation aux marchands et aux autorités chargées de la réglementation. Lorsqu'un parasite, par exemple, est identifié dans une capture au moment du débarquement, son acheminement est interrompu pour éviter qu’il atteigne l’usine de transformation. Il est ainsi possible d’éviter des dépenses élevées et la dissémination de l’organisme incriminé. La méthode impose encore d’autres exigences telles que les laboratoires sur place, une comptabilité stricte et des procédures de traçabilité efficaces. Pouvez-vous décrire les phases de la transformation du poisson et comment les NTIC ont été intégrées dans ce processus ? La chaîne commence avec les pêcheurs locaux qui utilisent de plus en plus les NTIC pour leurs activités quotidiennes. Les téléphones mobiles, par exemple, permettent désormais aux équipes de pêche de communiquer avec leurs supérieurs à terre, de les prévenir des préparations à faire ou de leur signaler d’éventuelles difficultés. Arrivés à terre, les poissons sont soumis à des contrôles de qualité au moyen de logiciels qui comparent la capture avec des standards prédéfinis en prenant en compte tout ce qui se rapporte à la fraîcheur et la durée de conservation des poissons, à leur texture et à la couleur post-mortem de leur peau. Les résultats sont saisis dans une base de données. Les poissons qui passent le test sont transportés vers l’usine de transfor-mation où ils sont pesés sur des balances électroniques et triés au moyen d’un autre progiciel. L'étape suivante implique des ouvriers d’usine qui parent ou écaillent les poissons pendant que les programmes d’ordinateur calculent la vitesse à laquelle cela est effectué tout en réglant continuel-lement la température de l’environnement de travail. Lorsque les poissons ont été dépouillés et coupés, ils sont triés de nouveau. Les ouvriers saisissent alors le nouveau poids des poissons et leurs paramètres de qualité dans la base de données. Les poissons sont ensuite rapidement transportés dans une zone de refroidissement/réfrigération où un ordinateur contrôle la température et la durée totale pendant laquelle les poissons doivent y rester. Les poissons sont ensuite emballés dans des caisses ou des cartons et transportés dans une zone de stockage à froid distincte avant leur expédition vers un aéroport ou un port. La société Marine Products Ltd a déjà mis en place les principaux composants de ce système de contrôle de la qualité basé sur la méthode HACCP et assisté par NTIC. La méthode HACCP ne nous permet pas seulement de répondre aux règlements de l’UE, mais elle crée également un environnement de travail que nos employés considèrent comme stimulant. Ce système nous a tout d’abord permis de rester concurrentiels sur le marché d’exportation international et de sécuriser l’avenir de nos pêches nationales. Venu Pidachy est directeur du service de la fiabilité de la société Uganda Marine Products. <http://www.ugandamarine.com> .

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: Magazine Article biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2004
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/64672
https://hdl.handle.net/10568/91579
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