Chacun récolte ce qu’il a semé

La production vivrière mondiale dépend de la production de semences de bonne qualité. Le renforcement des systèmes locaux d’approvisionnement en semences est à l’ordre du jour dans le monde du développement. Malgré la Révolution verte et quelques solutions techniques intelligentes et astucieuses, les pénuries persistent. Au niveau mondial, la production et la distribution de semences de haute qualité est une activité économique importante qui s’appuie sur des savoirs, des produits, des règles et des services. La recherche met au point des variétés spécifiques de plantes. Des agriculteurs triés sur le volet multiplient les semences. Des entreprises spécialisées traitent les semences et les conditionnent, d’autres fournissent les moyens de transport et de stockage. Les banques assurent l’investissement et les gouvernements l’environnement légal nécessaire. En somme, voilà une activité économique très spécialisée, un secteur d’affaires où l’on brasse beaucoup d’argent et dans lequel s’impliquent ceux qui détiennent de grands domaines, le plus souvent en monoculture : les agriculteurs à hauts revenus. Pour la grande majorité des paysans ACP, il en va tout autrement. La plupart assurent eux-mêmes la production, la sélection, le stockage et la distribution ou l’échange de leurs semences. L’assurance d’un rendement satisfaisant, la bonne adaptation des plantes aux conditions locales, leur résistance aux maladies et aux ravageurs constituent les principaux critères de choix des petits agriculteurs. Le secteur formel — qu’il soit commercial ou public — a du mal à les prendre en compte. Résultat : les petits paysans sont livrés à eux-mêmes. Une solution hybride On note pourtant un début de changement dans ce domaine. De plus en plus, les chercheurs, les bailleurs de fonds et les ONG tentent de rapprocher les systèmes formel et informel de production de semences, conscients que les uns et les autres peuvent y gagner : la petite agriculture en s’appropriant de nouveaux savoirs et en bénéficiant de semences améliorées, et le secteur formel, en accédant à des variétés locales aux traits génétiques intéressants — bon goût, longue conservation, bonne résistance à la sécheresse et aux maladies. La mayonnaise commence à prendre. Des instituts de recherche internationaux qui s’intéressent aux cultures vivrières locales commencent à jouer les intermédiaires entre les agriculteurs et les firmes industrielles. Au Malawi, des paysans sont sélectionnés pour multiplier des semences d’arachides. Au Rwanda, des agriculteurs invités à visiter les parcelles expérimentales d’une station de recherche ont expliqué aux chercheurs qu’ils voulaient bien des nouvelles variétés de haricots à haut rendement, mais qu’il leur semblait plus important qu’elles puissent supporter la pauvreté du sol, le voisinage des bananiers et les pluies torrentielles. Ainsi, la recherche pour l’amélioration des semences se rapproche de plus en plus des communautés agricoles afin de s’accorder aux réalités et aux objectifs qui sont les leurs. D’où des méthodes plus participatives d’expérimentation et un élargissement notable du champ de la recherche sur les systèmes agraires. L’affaire de tous Les chercheurs ont intérêt à faire preuve de créativité et à avoir le sens des relations humaines dans une communauté, avertit Lisa Leimar Price, spécialiste de l’Université et Centre de recherche de Wageningen (Pays-Bas). Faute de quoi, la voix des femmes ne sera pas entendue. Or, les femmes jouent un rôle essentiel dans la gestion des variétés végétales. À côté de ses tâches purement agricoles, c’est la femme, en effet, qui sélectionne les variétés selon des critères de goût, de couleur, de commodité. La rapidité de cuisson, par exemple, est un critère important quand le bois de chauffage se fait rare. C’est la femme qui expérimente les nouvelles variétés dans son jardin avant de les semer au champ si l’épreuve est satisfaisante. Les femmes contribuent ainsi au maintien et à l’évolution de la biodiversité locale. La diversité biologique est étroitement liée aux moyens financiers. Les familles les plus pauvres se préoccupent plus de tout ce qui favorise la résistance des variétés aux maladies et à la sécheresse. Elles accordent moins d’importance à des critères ' de luxe ', comme le goût ou le rendement potentiel. Une approche créative et participative semble donc nécessaire à la mise en place de systèmes locaux viables de gestion des semences. Un soutien technique extérieur peut contribuer au développement de variétés résistantes et faire ainsi reculer la famine. Cette démarche peut aussi aboutir à la constitution d’une banque de gènes locale et vivante, une parcelle collective spéciale où les paysans cultivent chaque année leurs variétés sélectionnées pour les conserver à la disposition de la communauté. Certes, il y a toujours le risque d’une catastrophe naturelle ou d’une perte de récolte qui contraint les paysans à vendre ou à consommer leur propre production. Il est donc essentiel qu’ils puissent stocker ailleurs, dans des banques de gènes, les graines des variétés qu’ils ont mises au point. C’est là pourtant que le bât blesse. Ce type de structure n’est accessible qu’à des multiplicateurs soigneusement choisis, pas aux petits agriculteurs. Paysannes et paysans, chercheurs, vulgarisateurs et techniciens, tous essaient à leur manière de rapprocher les systèmes formel et informel de fourniture de semences. Il n’y a pas de recette universelle. Face à l’ampleur des diversités culturelles et génétiques locales, il faut prendre le temps d’adopter des solutions sur mesure. À lire : Rôle des petits exploitants dans les systèmes de production de semences. Rapport de synthèse d’une visite d’étude, Zimbabwe, 1999. CTA, 2000, 34 pages. ISBN 92 9081 2230 CTA Nº 987. 5 unités de crédit Seed Supply Systems in Developing Countries Par N. P. Louwaars et G. A. M. Marrewijk, CTA, Wageningen, 1996 ISBN 92 9081 1471 144 pages N° CTA 768. 20 unités de crédit [caption] Stocker ou vendre ? Les systèmes locaux sont toujours au cœur du marché des semences.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2001
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/62694
https://hdl.handle.net/10568/99667
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